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Les grandes cultures, poumons du monde agricole ?

Comme toutes les activités humaines, qu’elles soient  domestiques ou industrielles, l’agriculture émet des gaz à effet de serre (GES). Mais contrairement à nous, qui depuis peu seulement, tentons de réduire notre impact écologique en optant pour le vélo ou en triant nos déchets, les cultures sont naturellement plus vertes qu’on ne le croit.

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En effet, grâce à la photosynthèse durant la journée, les cultures absorbent du CO2 (alias « gaz carbonique » le plus gros contributeur au réchauffement climatique) et rejettent dans l’atmosphère de l’O2 (oxygène), capturant au passage du carbone, qu’elles stockent dans leurs feuilles, tiges, racines, grains…. C’est ce que l’on appelle l’effet « pompe à carbone ».

De son côté, l’agriculteur mène un certain nombre d’actions pour conduire ses cultures : il travaille le sol, sème, fertilise (avec des engrais organiques ou minéraux), protège ses cultures contre les ravageurs et les maladies, récolte… ces opérations génèrent des gaz à effet de serre. Mais le bilan annuel émission/captation des grandes cultures est nettement en faveur de la captation : ainsi une céréale – telle que le blé ou le maïs – capte annuellement 4 fois plus d’équivalent CO2 qu’elle n’en émet pour être cultivée.

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La production de céréales fabrique 15 à 20 tonnes de biomasse à l’hectare (environ 50 % sous forme de grains, 50 % sous forme de paille et de racines). Après la récolte, les racines, les chaumes ou les pailles sont incorporées dans le sol et se décomposent en humus, contribuant ainsi  à accroître le stock de carbone du sol). A titre d’exemple, 7,5 à 10 tonnes de paille et racines produisent 1,1 à 1,5 tonne d’humus stable dans le sol. Cela représente un stock de 450 à 600 kg de carbone, soit 1 650 à 2 200 kg eq CO2 par hectare et par année culturale. On parle ainsi de « puits de carbone ».
Plus la biomasse produite et les résidus restitués au sol sont importants, plus l’effet « puits de carbone » est élevé.

Sur une parcelle donnée, ce bilan positif peut être encore plus important si l’agriculteur adopte des pratiques économes en GES ou en énergie (travail du sol simplifié, ajustement des intrants,…) ou s’il a recours à des cultures intermédiaires pour éviter que le sol ne reste nu entre deux cultures principales. Une fois enfouies, celles-ci restituent au sol chaque année 250 kg de carbone au sol.

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Selon les calculs des agronomes et des écologues de la filière céréales, les 14 millions  d’hectares des grandes cultures du territoire français pompent annuellement environ 270 Millions de TE C02 (tonnes équivalent CO2) au regard des 16,5 millions d’ha de forêt qui captent annuellement 130 millions de TECO2. Ainsi, le carbone capté annuellement par l’ensemble de ces territoires (forêts et grandes cultures) est équivalent aux émissions globales françaises estimées à 400 millions de t de CO2.

Cela dit, le carbone ainsi capté par les cultures n’est pas soustrait indéfiniment à l’atmosphère. Sa durée d’immobilisation et son devenir dépendent de l’utilisation qui est faite des productions. Prenons le cas du blé destiné à faire du pain : une partie du carbone capté est stocké dans le sol (par le biais des racines et des résidus enfouis) et l’autre partie est exportée (sous forme de grains). Cette part de « carbone capté » évoluera dans le cycle alimentaire des humains. Elle sera donc partiellement et progressivement libérée par notre métabolisme alimentaire et restitué à l’atmosphère. Dans d’autres cas, le blé est transformé en amidon destiné à des usages industriels (papeterie, pharmacie ou biométérieux comme ceux entrant dans la fabrication de tableau de bord de voitures,…), le carbone stocké est alors immobilisé pour une longue période. De même pour les pailles exploitées comme isolant thermique des maisons dont l’usage se développe de plus en plus.

Dans une forêt, ce carbone est immobilisé pendant des dizaines d’années mais là aussi son devenir et donc la libération du carbone varie en fonction de la destination du bois : charpentes ou meubles (immobilisation quasi permanente) ou chauffage (qui lui émet du CO2)…

Comme toutes les industries et chacun de nous, l’agriculture a elle aussi un rôle dans la transition écologique qui se joue aujourd’hui. Nous en parlions il y a déjà quelques mois ici, et ici, le monde agricole a un double défi à relever, produire plus pour nourrir plus de monde tout en raisonnant ses méthodes de production pour améliorer son impact écologique.

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Alors si aujourd’hui avec les grandes cultures, c’est toute l’agriculture qui respire, demain elles seront peut-être les poumons de la planète entière.

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Sources : Arvalis – Institut du végétal, IDELE, ITB, Terres Inovia, INRA, Usipa, Passion céréales