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Plantes invasives, un beau brin de lutte ?

Malgré leurs remarquables capacités d’adaptation tout terrain : « plante invasive, invasion programmée ou surprise», les plantes invasives n’ont pas que des qualités, bien au contraire. Top 3 de leur liste de défauts longue comme une binette ?

En 3ème position, j’ai nommé… roulements de tambours… Les espèces envahissantes extrêmement allergènes ! L’ambroisie à feuilles d’armoise (ou ambrosia artemisiifolia) par exemple, plante originaire d’Amérique du Nord pouvant mesurer jusqu’à 2 mètres, qui a été introduite avec des semences (de trèfle, tournesol ou maïs) vers 1860. Elle s’est depuis fortement développée en région Auvergne-Rhône-Alpes et dans toute la vallée du Rhône, et elle a colonisé la Bourgogne, le Grand Sud-Ouest, le Poitou Charentes et la vallée de la Loire. Dans ces zones où elle est présente, son pollen allergène fait des ravages auprès des 6 à 12% de Français qui y sont allergiques.

En 2ème position, leur contribution à la diminution de la biodiversité. En les colonisant, les plantes invasives modifient les milieux où elles s’installent et entrainent une perte de la richesse en espèces des écosystèmes. Non contentes d’empêcher la faune et la flore de tourner rond, elles perturbent également le cours des activités humaines comme la pêche, la chasse ou la navigation en formant des zones impénétrables.

Et enfin en pole position, les plantes invasives ont un coût économique. Traiter les allergies qu’elles provoquent tout en réduisant leurs zones de nuisance fait grimper la facture à près de 12 milliards d’euros par an à l’échelle de l’Union Européenne*.

Pour faire face à ces envahissants problèmes, plus qu’un bras de fer, c’est un beau brin de lutte qui s’est engagé entre les plantes invasives et l’homme. Elle est même devenue obligatoire en France depuis la loi santé de 2015. Mais vous l’avez compris, les plantes invasives sont très capables de donner du fil à retordre à leurs adversaires. Avec elles, rien n’est jamais simple. Ainsi, si les rotations à base de plantes annuelles et le travail du sol sont des remparts contre l’invasion, le pâturage botte en touche, car les animaux peuvent refuser de manger certaines espèces toxiques ou inappétentes.

Par ailleurs, le recours aux herbicides est un véritable casse-tête car ils sont inutilisables dans beaucoup de cas comme les zones naturelles ou les bords de voie d’eau. La lutte biologique peut également s’avérer efficace mais dans les trop rares cas de milieux insulaires où l’on peut introduire un ennemi, à l’image des cactus Opuntia terrassés par une chenille en Australie. Enfin, l’arrachage est quant à lui rendu très difficile par les spécificités de certaines plantes invasives comme la renouée du Japon dont les racines sont enfouies jusqu’à 1 mètre de profondeur dans le sol.

Ajoutons que pour mieux lutter contre ces espèces « indéboutables», les spécialistes doivent avant tout comprendre pourquoi ces invasions bien souvent observées en Europe depuis plus d’un siècle, semblent depuis quelques dizaines d’années se généraliser et s’accélérer ? Modifications du climat, accélération des échanges, tourisme… Les hypothèses sont multiples mais c’est bel et bien la régression des surfaces et de la population agricole qui semblent porter le chapeau, en libérant de l’espace et en réduisant l’entretien des abords des champs.

Avec leur folle capacité d’adaptation, les plantes invasives ont encore de beaux jours devant elles mais elles ont également trouvé un adversaire à leur taille : l’agriculture et sa redoutable inventivité.

* Sources : étude de l’Ecological Society of America de 2009