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Mais pourquoi les vaches françaises ruminent-elles ?

Alors que politiques, médias et sociologues se préoccupent du moral des ménages français, chez Résonnances, nous préférons nous soucier de celui de nos vaches. Têtes baissées, le beuglement mélancolique, trompant leur ennui en regardant passer les trains, tout porte à croire qu’elles broient du noir à longueur de pré.

Mais alors, pourquoi les vaches françaises ruminent-elles ?

Parce que c’est dans leur nature tout simplement. Loin d’être génétiquement neurasthéniques, les bovins appartiennent à la famille des ruminants comme leurs cousins non issus de germain, les ovins et les caprins, ainsi que de nombreux animaux sauvages comme les cerfs, les zébus, les buffles… Cette merveilleuse faculté à digérer la cellulose de l’herbe permet ainsi de transformer des terrains non labourables (pentus, humides, caillouteux…) en ressources fourragères en lait ou en viande.

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Mais si rumination ne rime pas avec dépression, que se passe-t-il exactement dans leur estomac ?

Minute papillon. Les ruminants n’ont pas un mais quatre estomacs qui leur permettent de ruminer leur alimentation. Au pré ou l’étable, une vache rumine entre 8 et 12h par jour, un processus lent qui se décompose en plusieurs étapes pendant lesquelles les aliments font des allers-retours entre la gueule et une partie de ses 4 estomacs : la panse (ou rumen), le réseau (ou bonnet), le feuillet (ou livret) et la caillette.

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Commençons par le commencement. Pour que la rumination démarre, la vache doit se nourrir ; en broutant elle mâche peu son herbe, préférant l’avaler sous forme de brins assez longs – tous les goûts sont dans la nature – qui descendent dans l’œsophage, passent par le réseau pour atterrir dans la panse. Une fois les estomacs bien remplis, la bienheureuse peut aller se coucher au calme, à l’intérieur le vrai travail commence.

De la panse, les brins d’herbes vont être renvoyés vers la gueule via une contraction du réseau synchronisée avec l’œsophage (oui mieux vaut avoir l’estomac bien accroché pour lire ces lignes). Une fois arrivé à destination, le bol alimentaire va alors être mâchonné longtemps. Cette mastication réduit la taille des particules d’herbe et engendre la production d’une forte quantité de salive (entre 160 et 180 l/jour) qui vient s’y mélanger. Une fois bien broyés, les petits brins font leur come-back dans la panse et sont alors assaillis par des micro-organismes qui vont commencer à les digérer.

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C’est la fermentation qui commence. S’il s’agit d’un processus continu, un brin d’herbe ne passe quand à lui qu’entre 24 et 48h dans le rumen avant d’être transformé par l’activité microbienne en substances volatiles. Celles-ci, en passant à travers la paroi de la panse sont utilisées comme source d’énergie par les ruminants. Elles participent également à la fabrication du lait et de viande. C’est pendant cette étape de la fermentation qu’est produit le méthane, ce gaz à effet de serre éructé par la gueule.

Une fois passée l’étape de la fermentation, seuls les aliments finement broyés passent dans le feuillet puis la caillette. Dans le 1er, les ruminants vont absorber des substances contenues dans cette «bouillie» : l’eau, des substances volatiles et le sodium et le phosphore qui sont ensuite récupérés dans le sang et retourneront dans la panse par l’intermédiaire de la salive. Le feuillet fonctionne alors comme un filtre, seules les particules de moins de 2mm peuvent le traverser. Il régularise le transit digestif et prépare le repas (enfin) de la vache : la vraie digestion se fait dans la caillette.

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Cette fameuse caillette sécrète de l’acide chlorhydrique et nombreuses enzymes digestives. Elle digère la majorité des graisses et des protéines végétales qui ont échappé à la fermentation mais aussi les protéines que les bactéries ont fabriquées dans la panse (0,5 à 2,5kg/jour).

Au terme de ce lent, très lent travail, les brins d’herbes ne ressemblent plus du tout à des brins d’herbes et sont prêts à passer dans l’intestin grêle et le gros intestin où la digestion va se poursuivre.

La rumination est donc loin, très loin d’être mauvaise pour le moral des vaches et des ruminants bien au contraire. En effet, ce long processus leur permet de ne pas passer leur journée à mastiquer dans les prés, limitant ainsi leurs heures de travail mais aussi leur exposition au soleil. Décidément, la rumination a du bon.