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Les agriculteurs, 1ers œnologues de France?

Ce n’est pas à vous, lecteurs aux papilles raffinées et au nez sûr que l’on va apprendre que la France est le pays roi du vin et de ses amateurs. Des caves aux plus grandes tables en passant par toutes les terrasses de l’Hexagone, le ballon de rouge, de blanc ou de rosé est ici chez lui. Mais savez-vous vraiment à qui l’on doit en tout premier lieu les notes, les robes et les arômes cultes de nos vins? C’est sans surprise que le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous répond : aux agriculteurs et plus particulièrement aux viticulteurs. Et dans cet article, nous allons, en toute sobriété, vous expliquer en quoi les agriculteurs alias viticulteurs sont les 1ers œnologues de France.

Avant d’être le fruit du travail d’un œnologue, un bon vin c’est d’abord un bon raisin et ça, c’est le travail des viticulteurs. Et non, on vous arrête tout de suite, leur job ne consiste pas à regarder leurs raisins se dorer la pilule dans un film de Cédric Klapisch. Choix du cépage en fonction de la région, de l’appellation, du type de taille, de la fertilisation et des soins apportés à ses vignes… Chacune des décisions des viticulteurs dessine les saveurs des grains, qui demain donneront naissance à un vin de qualité : richesse en sucre, équilibre entre l’acidité et la richesse en sucre, composants aromatiques…

Comme tous les agriculteurs, les viticulteurs ont un œil sur leurs vignes et l’autre sur le ciel. Le climat joue un rôle majeur, c’est pourquoi au sein de chaque aire géographique, l’implantation des vignobles et l’orientation des parcelles font l’objet d’un soin très précis. C’est ainsi que de nombreuses vignes sont implantées sur des versants ensoleillés, notamment les vignobles les plus septentrionaux comme les Condrieux, Champagne, Bourgogne, Alsace…Par ailleurs, la nature du sol est déterminante dans le choix des cépages et des porte-greffes : on ne retient que ceux qui s’y exprimeront le mieux sur un terroir donné et apporteront la typicité recherchée. Mais maintenant que nos viticulteurs ont choisi quel type de cépage cultiver, ils doivent encore décider comment le cultiver. Hé oui, pas question ici de laisser une rangée de ceps au hasard ! La taille de formation de leurs vignes doit également être la mieux adaptée à leurs vignobles. Exemples : un cep haut en Alsace, pour réduire les risques de gel printanier, ou une taille en gobelet dans les vignobles méditerranéens, pour réduire les coups de soleil entrainant des brûlures de grappes.

Et maintenant ? On profite d’un repos bien mérité pendant les mois les plus froids de l’année ? Que nenni ! En plus du port de la charpente, la taille de fructification doit être faite chaque hiver. L’objectif est d’avoir la bonne charge en raisins au niveau de chaque cep, c’est-à-dire une charge suffisante pour assurer un volume de récolte adéquat, mais pas excessive de façon à permettre une concentration dans les baies et une richesse en sucres idéales.

C’est tout ? Bien sûr que non ! Nos viticulteurs doivent aussi procéder à la fertilisation, qui elle aussi respecte des règles strictes. On veut que les éléments minéraux indispensables à l’alimentation des ceps soient délivrés en quantité suffisante mais sans excès (notamment pour l’azote), car on ne doit pas privilégier un développement végétatif trop vigoureux au détriment des grappes. C’est tout un art ! Enfin, reste à nos agriculteurs, dont les semaines sont loin des 35 heures, à assurer la protection de leurs vignes contre les bioagresseurs. Une attaque de mildiou peut par exemple, en anéantissant les feuilles donc la photosynthèse, réduire à néant une production ou altérer gravement sa richesse en sucres et en composés aromatiques. Certains champignons sont eux susceptibles de provoquer des goûts de moisi dans le moût puis dans le vin. Des mesures prophylactiques et la protection des grappes vont permettre aux viticulteurs de protéger leurs futures vendanges.

On pourrait encore vous parler des heures passées à surveiller leurs grains et ceux de la pluie qui les menacent, les journées entre les ceps à cueillir les grappes choyées, la gestion de travailleurs saisonniers et les montagnes de paperasses administratives auxquelles les viticulteurs consacrent leurs plus belles années… Mais maintenant vous le savez, un bon vin est le fruit d’un bon raisin, qui lui-même est celui d’un bon viticulteur !