Histoire des cultures
novembre 14, 2018
Histoire de céréales : le triticale
Aujourd’hui dans le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, la rubrique préférée des inconditionnels de Stéphane Bern fait son grand retour avec… Le triticale ! Dis donc, on vous entend vous là-bas ! Alors oui, vous n’avez pas tort notre céréale du jour a – un peu – un nom à coucher dehors. Comment ? C’est les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches archi-sèches des céréales ? Oui on vous l’accorde ! Mais ce n’est pas parce qu’on a un nom difficile à articuler qu’on ne mérite pas d’avoir son histoire de céréales.
Commençons notre récit par son nom justement, qui vient de la contraction de « triticium » et de « secale » les noms scientifiques du blé et du seigle. C’est précisément ce patronyme tout en allitération qui résume le mieux son histoire, puisque le triticale est le fruit des amours du blé et du seigle. Connue depuis la fin du XIXème siècle, notre céréale hybride a donné du fil à retordre à ses parents généticiens et sélectionneurs bien décidés à créer une plante qui n’a que des qualités. Ce n’est qu’après bien des éprouvettes et des saisons qu’ils combinèrent enfin parfaitement la productivité du blé et la rusticité du seigle au sein d’une même céréale : le triticale que nous connaissons aujourd’hui. En 1983, c’est chose faite, ses 1ères variétés sont inscrites au catalogue officiel des variétés.
Maintenant que vous avez apprivoisé son nom, laissez-nous vous en dire un peu plus sur notre belle plante du jour. L’allure et la culture du triticale ressemblent beaucoup à celles du blé : semée à l’automne et récoltée en été, la plante adulte peut atteindre 1 mètre de hauteur. C’est aussi une céréale bonne pour la planète car vigoureuse, tolérante au froid et à l’excès d’eau, elle s’adapte à tous les sols et tous les climats. Cerise sur le nom à 4 syllabes, sa résistance aux maladies permet de réduire drastiquement l’usage de fongicides. Moins risquée, moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement, la culture du triticale recouvre déjà 332 016 hectares* en France où elle est 5ème céréale la plus cultivée avec 1,5 millions de tonnes récoltées en 2016. Elle est aussi produite en Russie, aux États-Unis, en Australie et bien sûr en Europe qui en est le 1er producteur mondial. Par ailleurs, en matière de rendement le triticale fait fort, avec un potentiel très élevé qui peut dépasser les 100 quintaux/ha*. Quant à son rendement en paille il surpasse de 30 à 50% celui du blé et de l’orge. Comme quoi on peut avoir un nom imprononçable et un rendement admirable !
Mais vous vous demandez certainement comment et surtout pourquoi, cette céréale si discrète est autant cultivée. Eh oui, qui dit céréale méconnue dit carrière inconnue du grand public. En réalité, les volailles, le bétail et autres animaux d’élevage la connaissent eux sur le bout des papilles ! Hé oui, cette céréale non panifiable a su trouver sa place dans la nutrition animale, sa 1ère utilisatrice avec 400 000 tonnes de grains transformés. Sa haute valeur nutritionnelle et sa teneur élevée en protéines et en lysine en font un met de choix dans les élevages. Aujourd’hui, elle est cependant l’une des très rares céréales à n’avoir pas encore d’usage dans l’industrie, mais ce n’est qu’une question de temps lorsque l’on connait sa teneur en contenu énergétique et en fibres de qualité qui ne manqueront pas d’intéresser très bientôt les producteurs de combustibles et de matériaux de construction.
Voilà, chers lecteurs passionnés d’histoire et de céréales, vous savez désormais tout sur le triticale, la plante qui vous permettra de briller pendant la coupure pub de votre prochaine soirée avec Stéphane Bern.
*1 ha : 10 000 m2 et 1 quintal : 100 kg