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L’agroforesterie, qu’est-ce que c’est ? 

Chez Résonnances, vous le savez, notre péché mignon, c’est la culture. Alors aujourd’hui, nous vous disons tout sur un phénomène dont personne ou presque ne connait le nom pour que vous puissiez étaler la vôtre : l’agroforesterie ! Prêt à briller pendant votre prochain diner ? Scrollez !

Alors, l’agroforesterie, qu’est-ce que c’est ?  C’est une prairie normande avec ses pommiers ses herbages et ses vaches tachetées pardi. Hé oui, en réalité l’agroforesterie c’est le nom que personne ne connait pour décrire une chose que tout le monde connait. Car c’est tout simplement l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une seule et même parcelle. Plusieurs systèmes existent : formes bocagères, prés-vergers, prés-bois, alignements de peupliers ou encore plantations de noyers associées à l’élevage ou d’autres essences associées aux cultures. Cette pratique ancestrale est aujourd’hui mise en avant car elle permet une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un micro-climat susceptible d’être favorable à l’augmentation globale des rendements sur la parcelle. Traduction : l’agroforesterie est bonne pour l’environnement grâce à l’atténuation thermique procurée par le feuillage des arbres ! Un exemple ? Une expérimentation INRA sur un système blé-noyers dans l’Hérault a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 hectares pouvait produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 hectares où arbres et cultures auraient été séparés, soit un gain de 36%. Retenez bien ce pourcentage, rien de mieux pour clouer le bec de votre beau-frère dubitatif !

Mais alors, l’agroforesterie c’est juste un truc que la nature fait déjà toute seule vous dira-t-il ensuite. Et là vous pourrez lui répondre : « Non Patrick, figure-toi que normalement, à proximité des arbres ou des haies, les rendements des cultures sont affectés par la compétition entre les deux espèces. Les techniques agroforestières ELLES permettent de disposer les arbres afin que ceux-ci favorisent au maximum les cultures et rentrent le moins possible en compétition avec elles. » « En fait » pourrez-vous ajouter, « pour juger de l’intérêt de l’agroforesterie, il faut prendre en compte la production des deux espèces cultivées sur le moyen terme. Les arbres permettent aussi de diversifier les productions (en capitalisant sur le long terme) : bois d’œuvre, bois énergie, fruits, fourrage. Les arbres et les haies dans les champs permettent d’obtenir une diversité des espèces et des habitats, ce qui est favorable aux insectes auxiliaires des cultures et pollinisateurs. »

Là, quand toute la table sera suspendue à vos lèvres, délaissant le soufflé de votre hôte, vous continuerez comme ceci : « Les arbres limitent également la fuite des nitrates dans les couches profondes du sol, ce qui réduit la pollution des nappes phréatiques.  En principe, par son système racinaire profond, l’arbre crée des conditions favorables au développement des racines des autres espèces, qui ainsi pourront s’alimenter plus facilement. À cela s’ajoute le fait que l’enracinement profond des arbres entraîne, par capilarité, la remontée d’éléments nutritifs qui deviennent ainsi plus disponibles pour les cultures.  La fertilité du sol peut être améliorée par les feuilles des arbres qui tombent sur le sol et qui fournissent de la biomasse susceptible d’être minéralisée. Lorsque des espèces fixatrices d’azote sont utilisées (comme l’acacia) en association, elles peuvent contribuer à l’alimentation azotée de la culture et ainsi réduire l’utilisation d’intrants de synthèse. Par ailleurs, comme tout végétal, les arbres absorbent du CO2 et, durant leur phase de croissance, stockent le carbone. L’agroforesterie devient ainsi une méthode permettant d’enrichir le sol en matières organiques, et de stocker du carbone par les différentes parties des arbres associés aux cultures ou à l’élevage.»

Enfin, parce que rien ne vaut de conclure sur une note politique, vous terminerez par : « D’ailleurs, la réforme de la PAC, entrée en application au 1er janvier 2015, comporte plusieurs éléments relatifs à la prise en compte de la haie et de l’arbre dans les mécanismes d’aide à la fois pour la plantation et pour l’entretien de ces espaces. Et selon un récent projet de recherche*, environ 9% de la surface agricole européenne est dédié à l’agroforesterie. D’ailleurs, en Bourgogne des agriculteurs sont en train de se regrouper pour planter des noyers dans le cadre d’un projet d’agroforesterie » Et c’est là où enfin, vous pourrez savourez ce fameux soufflé.

 

*Projet de recherche AGFORWARD. Ces chiffres dévoilés à l’occasion de   la 3ème conférence internationale sur l’agroforesterie, qui a lieu du 23 au 25 mai 2016 à Montpellier