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L’arboriculture peut-elle encore vivre sans filet ?

Ce n’est pas un secret pour vous, lecteurs assidus de Résonnances, le climat est l’acteur principal de la pièce qui se joue saison après saison dans les champs. Comme tous les agriculteurs, les arboriculteurs ne cessent d’essayer de nouvelles solutions prêtes à entrer en scène pour protéger leurs vergers des risques climatiques qui menacent les récoltes. C’est pourquoi aujourd’hui, le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent place en haut de l’affiche la star des protections climatiques, les filets.

Depuis que les vergers existent, les arboriculteurs cherchent à les protéger de leur pire ennemi, j’ai nommé la grêle. Récemment, l’innovation leur a enfin offert la solution que leurs fruits n’attendaient plus : les filets paragrêle ! Non contents de protéger les arbres des orages de grêle et des coups de vent capables d’abîmer les fruits par un simple frôlement, ils créent, en plus, un microclimat qui favorise une meilleure qualité, obtenue par une bonne protection de l’épiderme des fruits.

Comme si ce n’était pas suffisant, notre superstar des vergers qui en avait déjà bien assez pour prendre la grosse tête, a une autre qualité : celle de protéger les arbres et les potagers des insectes. Adieu mouches des fruitiers, altises, thrips, aleurodes et autres insectes en tous genres. Ces filets adaptables aux différents types de cultures arboricoles font d’une pomme deux coups en luttant contre les ravages des insectes tout en limitant l’usage des pesticides. Quand on vous dit qu’ils ne passeront bientôt plus le portail du potager… Ces filets paragrêle à mailles modifiées dit filets anti-insectes ont été créés pour contrer le carpocapse des pommes et des poires (et autres insectes). Vous vous demandez quelles sont ses techniques de jeu ? Deux types de filets -mono-rang (chaque rang est couvert isolément) et mono-parcelle (la parcelle entière est couverte)- constituent une double barrière. D’abord physique pour empêcher ce papillon ravageur de venir pondre sur le feuillage des pommiers, puis comportementale en limitant la reproduction des quelques individus ayant réussi à franchir les filets. Mais le talent de notre Leonardo Di Caprio ne s’arrête pas là : brise-vent, écran thermique, anti-oiseaux… la superstar des protections existe même en version anti-pluie destinée à lutter contre le développement des maladies comme la tavelure du pommier.

En haut de l’affiche de notre article, le filet paragrêle l’est tout naturellement dans plus de 17 000 hectares de vergers en France métropolitaine. Pour résister au poids des filets chargés de grêlons et au vent, l’installation doit être solide. Une structure paragrêle est ainsi constituée d’un ancrage adapté, de poteaux de bois traités pour le soutien du câblage et des filets. Ceux-ci sont agencés afin de rendre possible le vidage les grêlons. Dans certaines situations de vent extrême, elles doivent être complètées par des brise-vents latéraux. Le coût global de ces installations de filets est élevé. Il peut varier selon les résultats recherchés (usages unique ou multiples) de 5 000 à 20 000 €/hectare et leur pose exige de 80 à plus de 200 heures de main-d’œuvre pour couvrir un hectare. Une politique de développement du verger conditionne le retour sur investissement, à condition que le rendement soit au rendez-vous et que la rémunération du kilo de fruits soit suffisante.

Mais alors, face à la complexité et au coût de leur installation, est-il encore possible de jouer sans filet pour un arboriculteur français ? Pas vraiment… Ces filets sont désormais de véritables
« assurances vie » dans les régions sujettes aux coups de grêles répétitifs et leur utilisation est souvent exigée par les compagnies d’assurance des producteurs de fruits.

Résultat de la course aux oscars des protections ? Le filet paragrêle mérite amplement sa statuette. Il est aujourd’hui devenu tellement indispensable qu’il est impossible d’envisager l’arboriculture sans lui. Il fait désormais partie du paysage des vergers français et est au coeur de leurs perspectives d’avenir. Une chose est sûre, mieux vaut un filet autour d’elle qu’un ver dans la pomme.