Économie
septembre 22, 2014
C’est quoi les vraies conséquences d’une mauvaise récolte?
Chaque année, les accidents météorologiques que subissent les cultures font la Une des journaux : orages de grêle dans le sud de la France, inondations en Asie, typhons en Amérique latine, sécheresses en Australie ou en Russie… Mais finalement, une mauvaise récolte, est-ce si dramatique que ça ?
Contrairement aux idées reçues, si la productivité agricole est de plus en plus forte, il n’en va pas de même pour le niveau des stocks au niveau mondial. Dans le cas du blé, une des céréales les plus consommées au monde, on constate même une baisse depuis les années 2000 : les stocks aujourd’hui ne représentent plus que 100 jours de consommation mondiale.
Autrement dit, l’agriculture à l’instar d’autres activités économiques, fonctionne de plus en plus en flux tendu. En effet, pour une production mondiale de céréales qui atteint 2,498 milliards de tonnes, la consommation elle, est de 2,462 milliards, et augmente chaque année d’environ 2%.(*)
Pour la majorité des autres secteurs industriels, ce fonctionnement en flux tendu répond aux spécificités d’un marché fluctuant et aux désirs de consommateurs versatiles. En agriculture, la gestion en flux tendu est plus problématique car ce secteur particulier est soumis aux aléas climatiques et à des délais de réponse plus ou moins longs (**). Et oui : on ne relance pas la production agricole en appuyant sur un bouton ! Il faut semer, cultiver puis récolter. Ce qui prend du temps. Il peut se passer plusieurs mois avant de retrouver un juste équilibre entre consommation et production.
Et si en cas de rupture de stock, on peut se passer de voiture ou de lave-vaisselle, on ne peut pas arrêter de manger…
L’industrie agricole a la responsabilité d’assurer les besoins alimentaires de la population mondiale, et ne peut pas compter sur des stocks importants. C’est pourquoi les conséquences d’une mauvaise récolte peuvent se révéler très inquiétants voire dramatiques avec des effets immédiats sur les prix : on parle de « weather market ».
* Sources : FAO
(**) Exemple de délais : la plupart des cultures demandent 6 à 10 mois entre leur implantation et la récolte, en arboriculture c’est plusieurs années et en système forestier des dizaines d’années ! C’est la même chose en élevage où un bovin doit être élevé pendant 18 ou 24 mois avant de passer en production de viande ou laitière. Pendant ce temps, les contextes économiques et les décisions politiques peuvent avoir changés plusieurs fois !