Économie
juillet 5, 2016
Comment élève-t-on les ovins en France?
En France, on sait dessiner les moutons, mais on sait aussi les élever, et sur ce point nos éleveurs n’ont rien à apprendre du petit prince. Mais avant de rentrer dans le secret des bergeries, découvrons-en un petit peu sur leurs habitants.
Dans la famille des ovins, je demande le mouton qui désigne l’espèce en général, les béliers : mâles reproducteurs de plus de 12 mois, leurs femmes les brebis : femelles reproductrices de plus de 12 mois et les agneaux et agnelles, leurs petits. Ces animaux domestiqués il y a 11000 ans par l’homme, juste après le chien, descendraient tous du mouflon d’Asie Mineure. Si toute la petite famille est facilement reconnaissable à ses bêlements entêtants, elle n’en est pas moins divisée en plusieurs grandes catégories de races ovines dont :
- Les races d’herbage : de grand gabarit, bien conformées, robustes et prolifiques, permettant la production d’agneaux nés au printemps.
- Les races précoces : de grand format et très bien conformées également, elles ont un fort potentiel de croissance et sont élevées pour la production d’agneaux de bergerie.
- Les races rustiques : Bien adaptées aux conditions difficiles de climat, de relief et de végétation, elles sont de format moyen.
- Les races laitières : De format moyen aussi, elles sont bonnes laitières et faciles à traire.
- Les races prolifiques : Elles ont utilisées en croisement avec d’autres races.
- Les races Mérinos : Leurs qualités majeures sont leur laine et leur rusticité. Elles bénéficient d’une sélection orientée vers la viande.
Maintenant que nous avons fait plus ample connaissance avec cette famille duveteuse, revenons à nos moutons : Comment élève-t-on les ovins en France ?
Dans l’hexagone, l’élevage ovin repose sur la diversité : Celle de ses races comme nous avons pu déjà le constater et aussi celle de ses régions d’élevage et des systèmes de production qui permettent aux éleveurs de produire de la viande ovine en toute saison.
Les ovins sont en effet élevés en grande partie pour leur viande : la viande de mouton, issue d’animaux de plus de 12 mois mais surtout la viande d’agneau, issue d’animaux de moins de 12 mois. Il y a en France plus de 68 000 élevages spécialisés dans les races aux qualités bouchères, ce qui représente près de 4 500 000 brebis dites allaitantes. Leur rôle est de donner naissance aux agneaux destinés à la boucherie qui téteront leur lait jusqu’au sevrage.
Il y autant de races de moutons que de façon de les élever car elles sont toujours très bien adaptées à leur terroir. C’est une particularité de cet animal d’élevage de trouver des races adaptées à tous les milieux et en particuliers aux plus difficiles. Ainsi les races d’herbage comme le Vendéen ou le Charollais s’épanouissent dans les prés herbeux de l’ouest et du nord de la France. À l’opposé leurs cousins rustiques comme le Blanc du Massif Central préfèrent les reliefs abrupts et escarpés des montagnes qu’ils rejoignent lors de la transhumance estivale. Une fois de plus, le patrimoine géographique de la France donne à nos éleveurs un vrai coup de pouce en leur permettant de profiter de la diversité de ses paysages pour diversifier à leur tour leurs modes de production. Les agriculteurs peuvent ainsi élever des agneaux à l’herbe ou engraissés en bergerie ou encore via des systèmes d’exploitations intermédiaires.
La seconde partie de l’élevage ovin français est destiné à la production de lait, qui concerne plus de 5 000 exploitations, soit environ 1 300 000 brebis. Au pays du roquefort, le fromage est une institution et celui de brebis n’échappe pas à la règle. Tradition oblige, les élevages laitiers sont essentiellement situés dans les régions au patrimoine fromager incontournable : dans le Béarn et le Pays Basque (ossau iraty, etorki), dans l’Aveyron, la Lozère et le Tarn (roquefort) et en Corse. Le lait qui y est produit par les races laitières comme la Lacaune, la Basco-Béarnaise ou les Manech permet la fabrication de nos fromages régionaux à la réputation internationale.
Comme tous les mammifères, la naissance d’un ou deux petits déclenche la lactation des brebis. Le lait des femelles d’élevage sert à la production fromagère et à nourrir les petits. Ces agneaux, vendus à Noël ou à Pâques non sevrés aux alentours de 45 jours, sont appelés agneaux de lait ou légers et constituent une source de revenus complémentaires pour les éleveurs.
Pour conclure, on peut donc dire qu’au pays du Petit Prince, les éleveurs de moutons sont rois.
Données chiffrées : sources Interbev