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Conseil agricole, petit nouveau ou vieux de la vieille ?

On sait, on sait… On ne demande pas son âge à une dame. Ça tombe bien, car si dans les champs hexagonaux le conseil agricole est bel et bien une institution, LE conseil reste un nom commun masculin. Et tant mieux pour nous car cet allié de l’agriculture française ne date pas d’hier, bien au contraire. Alors, conseil agricole, petit nouveau ou vieux de la vieille ? Les deux mon capitaine !

On aime vous le dire ici, la devise de l’agriculture c’est la solidarité. Vous vous en doutez, avec des valeurs pareilles l’échange de précieux conseils entre cultivateurs ne datent pas de la dernière récolte. Et si pendant longtemps, on partageait plus volontiers son huile de coude que ses informations, la lutte contre les famines, la croissance démographique et l’apparition de la mécanisation commencent déjà à changer la donne pendant la seconde moitié du 18ème siècle. Mais il faudra attendre le milieu 19ème siècle pour voir l’émergence d’un véritable conseil agricole : d’abord grâce au lent développement de l’instruction agricole avec notamment la création de l’Institution royale agronomique à Grignon en 1827, sous Charles X, puis comme souvent en agriculture, grâce aux progrès techniques. Voilà donc pour la part « vieux de la vieille » de notre conseil.

Mais de quand date le conseil agricole moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui ? De la fin de la 1ère Guerre mondiale où deux lois provoquèrent l’apparition d’une figure ô combien familière de nos cultures : le conseiller des chambres d’agriculture et son groupe de développement. Trente ans plus tard, les décrets de 1954 et de 1959 lui confèrent de plus amples moyens d’action aux « services d’utilité agricole », avant que son action ne soit définitivement concrétisée par les CETA (des Centres d’études techniques agricoles) qui existent encore de nos jours. Leur originalité tient essentiellement à leur méthode pédagogique basée sur de petits groupes autonomes d’une quinzaine d’agriculteurs, constitués en association loi 1901, qui confrontent leurs problèmes et partagent leurs expériences individuelles sur leur exploitation pour élaborer un questionnement soumis ensuite à un conseiller (voulu de haut niveau technique), rémunéré par le groupe. Plus tard, sous l’impulsion du syndicalisme, des groupes de vulgarisation agricole (GVA) sont créés, se voulant moins ‘’élitistes’’ que les CETA en regroupant en moyenne plus de cent adhérents. Chaque chambre d’agriculture a désormais pour obligation de créer un SUAD (Service d’utilité agricole de ddéveloppement), un lieu de compromis entre la chambre et le syndicalisme, afin de gérer le bon fonctionnement des GVA. C’est en 1966 que le ministère de l’Agriculture reconnaît enfin les chambres d’agriculture comme le lieu de réalisation et de coordination des actions de développement. En parallèle à ces conseils de terrain des instituts techniques agricoles ont été créés par les filières Leur mission : la recherche appliquée est un relai indispensable entre la recherche fondamentale de haut niveau et son adaptation pratique.

Résultat, si comme souvent dans l’agriculture, les racines du progrès se trouvent dans son histoire, on peut ici dire merci à nos ancêtres agriculteurs d’avoir innové dans leur organisation et à l’Etat d’avoir institutionnalisé une pratique vieille comme le monde en dispositifs concrets : le conseil agricole.