Environnement
septembre 18, 2019
Un diplôme à haute valeur environnementale, ça vous parle ?
Dans le monde agricole, sigles et certifications riment souvent avec réglementations et complications. Mais, celle que le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous présente aujourd’hui, fleure quant à elle les bonnes initiatives et les avancées dans l’air du temps ! La certification HVE (Haute Valeur Environnementale) est en effet une reconnaissance du travail des agriculteurs en faveur de l’environnement. Cette initiative verte méritait bien un article dans nos colonnes !
Notre certification HVE est née il y a un peu plus de 10 ans, lors du Grenelle de l’Environnement de 2007-2008. Ce dispositif pro environnemental a su tenir compte des différents types d’exploitations agricoles et de leurs aspects multifactoriels afin d’être bien accueilli par les agriculteurs, qui y virent un moyen de montrer tout le travail déjà accompli en faveur de l’environnement. Au moment de son lancement, le 16 juin 2009, sous la houlette du Ministre de l’agriculture et de la pêche Michel Barnier, le comité opérationnel de pilotage propose de fixer un objectif de 50% d’exploitations engagées dans la certification HVE d’ici fin 2012, soit près de 160 000 en adéquation avec l’engagement 123 du Grenelle.
Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce sigle bon pour l’environnement ? Concrètement la HVE est un dispositif gradué jusqu’à la certification et repose sur trois niveaux de progression :
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- Le niveau 1 traduit le respect de la conditionnalité fixée par la PAC et des exigences essentielles légales en matière environnementale. Pour l’obtenir, l’agriculture postulant a l’obligation de réaliser un diagnostic de l’existant relatif à ses pratiques agricoles déjà en place sur l’exploitation, qui doit être accompagné et vérifié par un organisme agricole habilité. Ce niveau 1 est une étape transitoire, un prérequis pour accéder aux deux autres niveaux.
- Le niveau 2 valide l’articulation et l’utilisation de démarches existantes horizontales (agriculture raisonnée, durable, intégrée, de conservation…). Il engage l’agriculteur à respecter la mise en œuvre des moyens adaptés à son exploitation et le pousse à aller au-delà des limites réglementaires.
- Le niveau 3 fait passer les agriculteurs d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. Ceux-ci s’appuient sur des indicateurs chiffrés assurant le suivi des performances environnementales correspondant à chacune des 16 exigences, construites sur 4 modules* : stratégie phytosanitaire, préservation de la biodiversité, gestion des engrais, gestion quantitative de l’eau. Comme le bio, la HVE est un label public qui permet aux agriculteurs ayant atteint le niveau 3 d’afficher fièrement un logo certifié HVE sur leurs produits !
Alors, aujourd’hui 10 après son lancement, où en sont les chiffres ? Nous sommes encore très loin de l’objectif de 50 % d’exploitations certifiées HVE envisagé en 2012. Pourtant l’initiative verte fait son chemin à travers champs, doucement mais sûrement : le nombre des certifiés a doublé en un an, passant de 841 exploitations HVE au 1er janvier 2018 à 1518 début 2019. Par ailleurs, certains secteurs s’engagent ! La viticulture et ses 90 % des exploitations labellisées HVE font figure d’exemples tandis que les organisations de producteurs de tomates et concombres, de pêches et abricots, de pommes et poires, de noisettes et la fédération des maraîchers nantais s’investissent chaque année d’avantage. Chacune de ces filières a désormais son référentiel et elles ont toutes atteintes le niveau 2. Mieux, toutes ces organisations professionnelles sont bien décidées à aider leurs producteurs à atteindre le graal : afficher fièrement le logo HVE sur le fruit de leur travail. Et récemment, les céréaliers, à l’initiative de leur syndicat l’AGPB, ont lancé une dynamique spécifique HVE grandes cultures, à laquelle des coopératives se sont associées.
Si la HVE a encore de beaux jours devant elle, elle a encore besoin d’être soutenue. C’est pourquoi le député Dominique Potier (animateur de l’atelier 11 des EGA) demande que l’Etat affirme ses ambitions et sa volonté d’accompagner les acteurs dans la transition face aux risques d’une PAC fragilisée et d’une concurrence déloyale initiée par des traités internationaux à venir. Enfin, l’État a encore un peu de pain sur la planche pour faire connaitre au grand public ce label vert porteur de belles initiatives et d’avenir.
*Selon l’arrêté du 20 juin 2011 portant application de l’article D. 617-3 du code rural et de la pêche maritime et arrêtant le référentiel relatif à la certification environnementale des exploitations agricoles