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Grande production rime-t-elle forcément avec grandes exploitations ?

Comme le savent déjà nos lecteurs les plus assidus, la France est une bonne élève de l’Union Européenne quand il s’agit de productivité agricole. Avec 70 millions de tonnes produites chaque année, nos agriculteurs sont les 1ers producteurs européens de céréales (blé, maïs et orge).

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Ils méritent également une mention très bien en économie puisque près de la moitié de cette production est exportée à l’étranger vers nos voisins européens et les pays du tiers monde, notamment l’Afrique du nord ,l’Afrique Subsaharienne et Afrique de l’ouest dont la production ne suffit pas chaque année à nourrir sa population. Le commerce des céréales est stratégique dans l’économie des pays exportateurs puisqu’il représente une source de revenus importante : la balance commerciale* agricole et agroalimentaire de la France est excédentaire d’environ 10 milliards d’euros chaque année et l’excédent du commerce des céréales représente à lui seul près de 6-7 milliards d’euros**.

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Ajoutons à cela le fait que, l’exportation d’une partie de la production céréalière française est indispensable pour les pays souffrant de déficit chronique ou ponctuel en production alimentaire, causé par différents facteurs : problèmes climatiques et parasitaires, maîtrise technique insuffisante ou désordre politique.

Mais comment les producteurs céréaliers français réussissent-ils à occuper le premier rang européen ? Bien-sûr ils ont l’avantage de disposer des surfaces agricoles les plus élevées d’Europe, mais leurs performances résultent-elles aussi de la taille de leurs exploitations ?

En France, près des 2/3  des 470 000 exploitations agricoles produisent des grandes cultures : blé, orge, maïs, colza, betteraves, tournesol… Soit de façon exclusive, soit en complément d’autres productions végétales ou d’élevage. Le blé y est la céréale la plus cultivée puisqu’elle est présente dans plus de 50% des exploitations contre moins de 20% pour l’orge et le maïs.

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Les exploitations exclusivement dédiées aux grandes cultures, sont au nombre de 110 000 pour une superficie moyenne de 126 hectares (le nombre d’exploitations de plus de 200 ha ne représente que 6% dans ce secteur).

Il ne faut pas se laisser tromper par la taille apparente des parcelles visibles du bord des routes par exemple. Souvent, les agriculteurs se regroupent en particulier pour bénéficier de moyens techniques performants (pour les semis, la récolte, etc.) sans qu’il s’agisse pour autant de grandes exploitations. Les échanges de parcelles sont une pratique très courante entre agriculteurs pour optimiser le parcellaire de leur exploitation.

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les céréales françaises sont donc produites dans des exploitations de tailles variables voire même modestes comparées à celles des autres pays producteurs et exportateurs. En effet, la taille des fermes de nos concurrents est de 3 à plus de 30 fois supérieure aux nôtres.

Alors, si en France, les exploitations céréalières restent familiales et à taille humaine, comment expliquer leur niveau de productivité? Pour exceller en la matière, nos exploitants ont plusieurs tours dans leur sac :

  • De hauts niveaux de rendements par hectare : plus de 70 quintaux contre 37 (moyenne mondiale). Ces performances sont possibles grâce à la fertilité de nos sols, notre climat tempéré et aussi à notre culture de l’innovation permanente (variétés, matériels, techniques culturales…). D’autre part, la production des céréaliers français est relativement stable d’une année à l’autre contrairement à celles d’autres pays.
  • Une technicité très élevée des producteurs qui résulte notamment de leur organisation en filière et à leur niveau de formation. La proximité entre les agriculteurs et les structures de collecte (coopératives ou négoces) permet un accès facile et une mise en œuvre rapide des innovations les plus pertinentes préparées par les instituts de recherche. Près de 80 % des exploitants de moins de 40 ans ont au moins le bac et 53 % d’entre eux sont diplômés de l’enseignement supérieur.

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  • Une logistique performante, fortement organisée en coopératives et négoces, mais aussi avec des opérateurs privés de taille internationale. La céréaliculture française dispose de nombreux silos de stockage à proximité des champs, d’équipements permettant d’ évaluer et de garantir la qualité des produits, d’infrastructures portuaires dédiées aux céréales (ports de Rouen, la Rochelle, Sète…) ainsi que de structures de concertations au niveau de la filière.

Ainsi, en France, grande production ne rime définitivement pas avec grandes exploitations, contrairement aux pays de l’Est. Ces derniers disposent de très grandes surfaces, de coûts de main d’œuvre très bas et de normes sanitaires parfois moins contraignantes. A côté de ces atouts, ils doivent faire face à des handicaps de taille : manque de structures de stockage et portuaires, grande fluctuation de production et une présence irrégulière sur les marchés.

Face à cette concurrence, les céréaliers français continuent de miser sur la technique et l’innovation pour conserver leur première place !

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*La balance commerciale d’un pays est la différence entre ses exportations et ses importations.
Sources lekiosque.finances.gouv.fr

** sources Graphagri/agreste, douanes 2015.