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Histoire de plantes : Le colza

… Et la navette et le chou vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Si l’origine du colza n’est pas un conte de fées, il est bel et bien issu d’un croisement entre un chou et une navette, et ce depuis 2000 à 15000 avant J-C, dans un champ sauvage du bassin méditerranéen ou dans un potager, le mystère reste entier.

Une chose est sûre, c’est dans les années 1750-1850 que la production d’huile de colza s’est développée en France dans les départements du nord et notamment en Flandres. Aujourd’hui, bien qu’il puisse être cultivé presque partout, ses principales régions de production sont le Centre, la Champagne-Ardenne, la Bourgogne et la Lorraine

Pour les agriculteurs, l’un de ses principaux atouts est d’être ce que l’on appelle une «tête de rotation», c’est à dire que sa culture peut être placée avant celle des céréales, permettant ainsi de réduire les engrais, en absorbant l’azote en automne ; la présence du colza, en alternance avec d’autres cultures, peut perturber la persistance de certains ravageurs et ainsi contribuer à faire baisser des applications de pesticides. Voilà donc une belle plante qui n’a pas peur de se mettre en avant.

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Car oui, le colza est une belle plante. Fermez les yeux un instant. Ça y est, le printemps est là, l’air est chaud et les champs de colza illuminent les campagnes françaises de leur splendide couleur jaune, la floraison va durer plusieurs semaines tandis que les boutons s’épanouissent en grappes. Les abeilles bourdonnent et butinent de corolle en corolle, constituées de quatre pétales disposés en croix, signe de reconnaissance de la famille des «crucifères». C’est là, tout au fond, que les petites ouvrières à rayures viennent puiser leur nectar en se chargeant de pollen. Une fois fécondées, les fleurs se transforment en fines gousses qui contiennent 15 à 30 petites graines sphériques de couleur foncée.

Mais trêve de poésie. Le colza, ce n’est pas qu’un physique, c’est surtout une culture européenne riche et aux nombreuses propriétés. En effet, riche en huile et en protéines végétales, la plante a de multiples utilisations.

C’est tout d’abord une source naturelle d’acides gras insaturés extrêmement bénéfiques à notre équilibre alimentaire grâce à son huile gorgée d’acide oléique, linoléique, alphalinoléique et en oméga 2 et 3. Elle est ainsi utilisée en assaisonnement, seule ou en binôme avec l’huile de tournesol, mais aussi présente dans les margarines, sauces, condiments et autres produits intermédiaires comme la farine ou les pâtes. La production française approche les 5,3 millions de tonnes de graines récoltées. En Europe, La France est le 1er pays producteur de graines de colza (28 %) cultivées par 73 000 agriculteurs*.

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Présente dans nos assiettes sous toutes ses formes, elle est aussi au menu de nos compatriotes bovins et gallinacés, cette fois-ci sous forme de «tourteaux.» Ces granulés sont obtenus à partir des écailles restantes de la plante, une fois l’huile extraite. Riches en protéines végétales et en qualités nutritionnelles, ils apportent aux animaux d’élevage des substances indispensables à leur développement, et qui améliorent également sensiblement la qualité des produits laitiers qui en sont issus. De plus, les tourteaux de colza peuvent aisément remplacer les tourteaux de soja, réduisant ainsi notre dépendance aux importations de soja étranger.

Physique de rêve, qualités nutritionnelles exceptionnelles, le colza agit également au quotidien en faveur de l’environnement. Tout d’abord en s’imposant comme joker des produits d’origine fossile dans la production des bio-lubrifiants et des solvants. Ses dérivés sont également présents dans de nombreux produits alimentaires comme le chewing-gum, les cosmétiques, les plastiques ou encore les revêtements.

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Mais c’est avant tout en tant qu’énergie renouvelable que le colza participe à l’écologie. En effet, grâce à une réaction appelée transestérification, son huile peut être transformée en biodiésel, véritable moteur du changement environnemental. Aujourd’hui, près de la moitié de la production d’huile de colza est ainsi destinée à l’industrie des biocarburants. Dans l’Union Européenne à 28, sa consommation totale est d’environ 9,5 millions de tonnes, soit 30% des huiles végétales utilisées. Au niveau mondial, la Chine est le 2ème plus gros consommateur de colza juste après l’UE, avec environ 6,5 millions de tonnes sur 25 produites au total.

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La morale de cette histoire, c’est que le colza nous prouve que l’on peut être une belle plante aux qualités physiques exceptionnelles et devenir un acteur majeur de l’agriculture, de l’économie et de l’environnement.

*source : Gnis
** source : Agreste