Société
juin 21, 2016
Histoire de plantes : Le tournesol.
Et si le tournesol était la plus américaine des cultures françaises ? Longtemps soupçonnée d’être originaire de l’Ouest américain, la récente découverte d’empreintes fossilisées datées d’environ 50 millions d’années au nord ouest de la Patagonie tend à faire croire que la plante est née sur le continent sud.
Pas étonnant donc qu’elle ait été domestiquée par les Amérindiens et les Mexicains, aussi friands de ses propriétés alimentaires et médicinales que tinctoriales. Pas étonnant non plus que les espagnols fraîchement débarqués quelques siècles plus tard à la recherche d’or, n’aient fait main basse sur cette plante prometteuse.
Mais si on doit aux Espagnols l’introduction du tournesol en Europe au XVIème siècle, ce sont finalement les russes qui vont donner au XIXème siècle ses lettres de noblesse à cette culture. En effet, grâce à une sélection plus active, les chercheurs du pays ont amélioré la teneur en huile de la graine, passant de 25% à 40% en quelques dizaines d’années. Leur travail de sélection a également permis d’adapter la plante aux conditions de sols et de climats des différents pays européens : longueur du cycle de la plante, résistance aux maladies, hauteur, régularité de maturation, tenue sur tige et potentiel de production.
Cette fois-ci, le tournesol était prêt à devenir une plante à huile de la culture européenne.
Grâce à ses besoins limités en eau, en engrais et en traitement chimique, la plante se fait rapidement une place de choix dans nos champs français, notamment dans le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes, le Centre et les Pays de la Loire.
Si depuis, la cote de popularité du tournesol ne cesse d’augmenter, c’est aussi grâce aux nombreuses propriétés de cette plante riche en huile et en protéines végétales de ses graines.
Loin de se laisser distancer par sa cousine provenant des olives, l’huile de tournesol, gorgée d’acide linoléique est un incontournable de notre alimentation : Pure ou en mélange avec de l’huile de colza, en vinaigrette ou en cuisson, en margarine ou en pipas, ses fameuses oméga 6 sont partout.
Par ailleurs, le tournesol, célèbre pour sa capacité à tourner à l’énergie solaire, est aujourd’hui un moteur de l’énergie renouvelable et de la chimie verte. De part la qualité de biodégradabilité de ses huiles, le tournesol est aujourd’hui utilisé et présent dans la peinture, le bitume, les détergents, les cosmétiques, les lessives ou encore les biolubrifiants.
Enfin une fois l’huile extraite, les résidus transformés sous forme de granulés appelés «tourteaux» riches en protéines végétales, le tournesol sont aussi au menu de nos bovins.
Aujourd’hui, la consommation globale d’huile de tournesol, tous usages confondus, dans l’Union Européenne à 28 est d’environ 3,4 millions de tonnes, soit 11% des huiles végétales consommées en 2013. Depuis son arrivée au XVIème siècle, la plante a réussi à se faire une place au soleil.
Impossible d’ailleurs de raconter l’histoire de la plante à qui le soleil fait tourner la tête sans se pencher d’avantage sur cette curieuse propriété. Car au risque d’en décevoir certains, cette belle plante composée de milliers de fleurs tubulées disposées en une hélice parfaite, s’aligne mais ne tourne pas ! C’est en effet sa tige qui se courbe en fonction de la lumière, donnant ainsi l’impression que la fleur suit le soleil. Ce phénomène est appelé phototropisme.
À défaut de tourner avec le soleil, c’est à nous que le tournesol a fait tourner la tête grâce à ses qualités jamais démenties et sa culture facile et économique. Pas de doute, voilà une plante qui a encore de beaux jours devant elle.