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Histoire d’une plante à protéines : la luzerne

La luzerne, c’est par excellence la plante sur laquelle on croit tout savoir, mais si je l’ai sur le bout de la langue, mais enfin ce n’est pas ce que mange les schtroumpfs et puis zut non en fait. Pas de panique, le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent va vous rafraîchir la mémoire !

La luzerne est une légumineuse vivace qui appartient à la famille des fabacées ou papilionacées, du genre Medicago et répond à bien des noms : reine des plantes fourragères, grand trèfle ou bien encore foin de Bourgogne. Mais d’où vient-elle cette plante aux multiples patronymes ? Originaire du Moyen-Orient, où elle est déjà mentionnée comme aliment pour animaux dans des tablettes en 1 400 ans av. JC, la luzerne est probablement cultivée depuis plus de 9 000 ans. Elle s’est d’abord répandue sur les hauts plateaux du Caucase, en Iran et en Turquie avant d’atteindre l’Europe de l’Ouest au fil de l’épée des conquêtes romaines puis arabes. Mais si la luzerne existait à l’état sauvage de la Chine à l’Espagne et de la Suède à l’Afrique du Nord, sa culture s’est étendue dans toutes les régions tempérées du monde notamment en Europe, en Afrique, en Amérique, en Australie et Nouvelle-Zélande et en Asie de l’Est. Ce sont les Arabes, pour nourrir leurs élevages de chevaux, qui ont les premiers domestiqué la luzerne pour augmenter la valeur nutritive de l’alimentation destinée à leurs bêtes. En arabe, la plante se nomme al-fac-facah,ce qui signifie « père de tous les aliments » et alfalfa chez nos amis anglo-saxons dénomination aussi usitée dans notre langue.

Vous le savez, sur Résonnances nous ne tarissons pas d’éloges sur les légumineuses. Mais alors quelles sont les qualités de celle qui nous intéresse aujourd’hui ? Abondamment répandue dans les contrées tempérées, si elle est cultivée comme source industrielle de protéines et de carotène et utilisée en diététique, la luzerne est avant tout l’une des espèces fourragères les plus demandées pour l’alimentation du bétail. En effet, grâce à son bon apport en protéines, qui la positionne comme une solution aux importations de protéines végétales, elle est un pilier de l’autonomie alimentaire et protéique des élevages. Et comme sa culture est relativement facile, son utilisation comme fourrage pour le bétail s’est répandue dans le monde entier aussi vite que sa renommée dans les étables !

Mais la luzerne n’est pas populaire en l’agriculture uniquement auprès des éleveurs : ses qualités d’amélioration de la structure physique des sols lui permettent de les couvrir en permanence durant les 3 à 4 ans où elle est présente et en diminue ainsi l’érosion. Plus fort encore, elle ne nécessite pas d’apport d’engrais azoté grâce à ses racines renfermant des nodosités, résultat d’une symbiose avec la bactérie Rhizobium meliloti qui fixe l’azote de l’air. Ceux qui la cultivent le savent bien, c’est l’un des meilleurs précédents culturaux qui soit.

Dès le XVIIIe siècle, Olivier de Serres, le père de l’agronomie moderne, en recommandait l’usage comme « plante améliorante » dans la succession des cultures. De plus, très économe en engrais, produits de désherbage et de protection de la culture, les surfaces de luzerne sont en pleine croissance en agriculture biologique. Sur le plan qualitatif, il faut aussi mentionner ses propriétés mellifères, les abeilles en raffolent littéralement !

Vous vous en doutez, ses utilisations sont sans surprise aussi nombreuses que ses qualités ! En effet, si sa principale utilisation concerne l’alimentation des ruminants, on la retrouve aussi dans les industries agroalimentaire, pharmaceutique, cosmétique et même dans nos assiettes. En élevage, la luzerne se décline sous forme d’affouragement en vert ou en « conserve » sous diverses formes, le plus souvent, du foin en balles rondes de 250 à 300 kg, en ensilage, ou encore en enrubannage. Par ailleurs la déshydratation de la luzerne a beaucoup progressé au cours des quarante dernières années jusqu’à devenir le mode de récolte qui préserve le mieux les qualités du fourrage, lui permettant d’être conditionnée en granulés que l’on peut ensuite mélanger avec d’autres aliments concentrés.

Les industries agroalimentaire et pharmaceutique ne s’y sont pas trompées non plus et tirent de nombreux produits de la luzerne : le « rubisco », une protéine présente en quantité importante dans les feuilles, pigments de carotène et xanthophylle, source de minéraux, calcium, vitamines A et K pour des compléments alimentaires. Les utilisations sont variées que ce soit dans l’industrie papetière pour ses fibres ou dans la fabrication de plastiques biodégradables pour ses polymères. Dans nos assiettes, on retrouve la luzerne sous forme de jus, de soupes ou de salade « revitalisante » que l’on trouve dans les magasins de produits naturels en Amérique du Nord, en Asie ou en Europe. Considérée comme un aliment santé pour la présence d’antioxydants, de phytooestrogènes et de saponines dans les extraits foliaires, elle est aussi consommée sous forme de graines germées ou de jeunes pousses. Ça y est, maintenant vous savez vraiment tout sur la luzerne, jusqu’à l’adoption du futur plan protéines français !