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L’agriculture, un modèle d’économie collaborative ?

En 2015, l’ère est au partage : on partage son appartement, ses trajets en voiture, son open space, ses outils de bricolage…

Face à une crise qui perdure et compte tenu de l’évolution des mentalités les Français découvrent une nouvelle façon de travailler et de consommer. Mais ce qu’on nous présente comme un nouveau modèle économique, l’est-il vraiment?

Toujours porteuse d’innovation, l’agriculture n’a pas attendu que le vent tourne pour adopter un mode de travail collaboratif. Ce principe du partage, ainsi que l’entraide, sont même inscrits dans son ADN.

À une époque où l’accroissement de la compétitivité est devenu fondamental, l’agriculture a multiplié les initiatives pour transformer ce système d’entraide traditionnel en modèle économique compétitif.

La 1ère de ces initiatives fut la création de la 1ère coopérative le 13 janvier 1888 par des producteurs laitiers, pour faire face à la surproduction de lait : la beurrerie coopérative de Chaillé en Charente-Maritime. Très vite, le monde agricole s’organise sur ce modèle et crée en 1910 une fédération nationale regroupant coopératives, caisses de crédit agricole, mutuelles et syndicats.

Au fil du temps, l’esprit associatif s’est structuré, par exemple à travers les coopératives agricoles. Aujourd’hui rassemblés dans 2 800 entreprises, 450 000 agriculteurs et 160 000 salariés forment la communauté économique et sociale de la coopération agricole française. Ce modèle d’entreprise repose sur 4 piliers :

  • Des sociétés d’hommes et non de capitaux, ni opéables ni délocalisables.
  • Une gouvernance démocratique «un homme, une voix», notamment pour élire les agriculteurs-administrateurs qui forment un conseil d’administration.
  • Des fonds propres protégés par des réserves impartageables et abondés chaque année pour servir le long terme.
  • Absence d’introduction en bourses.

Ainsi, les agriculteurs-coopérateurs sont à la fois « co-propriétaires » de leur entreprise, ses clients en produits d’approvisionnement, ses fournisseurs en productions animales ou végétales et des entrepreneurs solidaires exigeants. En calibrant ensemble leur offre en quantité et en qualité selon les attentes des marchés, en mutualisant les risques et les charges, en investissant collectivement notamment dans des filières agroalimentaires. Près d’un tiers des marques alimentaires présentes en grandes surfaces sont issues de groupes coopératifs. Il s’agit de productions agricoles françaises.

Principaux employeurs en zones rurales grâce à leurs activités de proximité (conseil, collecte, transformation, logistique, commercialisation…), les coopératives se déploient aussi à l’international (exportations, implantations industrielles…), relais de croissance pour créer de la valeur ajoutée et consolider leur performance. En 2013, les 2 800 entreprises coopératives agricoles ont réalisé un chiffre d’affaires de 84,3 milliards d’euros (soit près de 3 fois celui d’Airbus). Parmi les 100 plus importantes coopératives agricoles du monde, 62 se situent en Europe, berceau historique du modèle.

Au niveau mondial, un milliard de personnes sont membres de coopératives dans plus de 90 pays et un million de coopératives dans le monde génèrent 100 millions d’emplois : c’est 20% de plus que les multinationales.

Conclusion ? L’agriculture n’a pas attendu la crise pour inventer une économie collaborative et humaine au rayonnement mondial sans renier ses traditions.

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*Sources www.cuma.fr (d’après enquête 2013)