Société
mai 3, 2017
Le lin, belle plante de la mode
Ce n’est pas tous les jours qu’on parle de style sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent. Au programme de ce fashion post, pas de défilé, mais une histoire de fil : celle du lin, la plante à la fibre mode.
Déjà belle par nature, avec ses fleurs aussi bleues qu’éphémères qui ne se laissent admirer que le temps d’une journée, elle est l’une des rares fibres textiles européennes dont sont issus de nombreux produits du quotidien. Robe sur mesure, prêt à porter, isolant, linge de maison, garnissage de voiture… Le lin sait tout faire, mais nous, comment faisons-nous pour transformer cette belle plante en tissus?
Si les Fashion Week sont les rendez-vous immanquables de la mode, ce sont les récoltes de lin que les agriculteurs ne rateraient pour rien au monde. C’est en effet une étape cruciale qui nécessite un timing parfait pour obtenir le maximum de fibres riches en cellulose. En cas de récolte trop précoce, la teneur en cellulose est trop faible tandis qu’à l’inverse, une récolte trop tardive entraîne la transformation de la cellulose en lignine.
Les pieds de lin sont donc récoltés environ 5 semaines après leur floraison, aux alentours du 20 juillet. Pas question de les couper délicatement pour en faire de jolis bouquets, les plantes sont arrachées par une machine spéciale qui récupère l’ensemble des tiges. Elle les maintient ensuite parallèles les unes aux autres avant de les déposer en bandes continues d’environ 1m de large (la longueur moyenne des tiges) appelées andains. Les tiges ainsi disposées sont prêtes pour l’étape du rouissage.
C’est la 1ère phase naturelle de transformation de la plante en fibre. Les tiges exposées aux quatre vents profitent de l’alternance de pluie et de soleil, qui favorise l’action des micro-organismes et des bactéries présents sur le sol. Ils dissocient les fibres textiles de la structure ligneuse de la plante et entraîne ainsi leur extraction. Tout au long du rouissage, les liniculteurs retournent les pailles plusieurs fois pour obtenir un résultat homogène. Une fois l’étape du rouissage terminée, elles sont roulées en balles généralement rondes et stockées à l’abri avant leur passage au teillage.
Le teillage, s’effectue en usine ; il permet de séparer le bois (anas) de la fibre. Cette opération mécanique consiste à broyer et battre les pailles rouies pour en extraire le composant le plus noble : les fibres longues. Les balles sont d’abord déroulées, égrainées puis broyées et battues pour séparer différentes parties :
– L’épiderme des tiges, réduit en poussières qui retournent au sol sous forme de terreau horticole.
– La partie ligneuse, qui se délite en fragments (les fameux anas) utilisés dans les panneaux de particules, les litières animales, le paillage horticole…
– Les fibres courtes, appelées étoupes rentrent dans les matériaux composites comme la corderie ou les papiers fins.
– Les graines, sont transformées en peintures, encres, produits d’entretien du bois ou encore tourteaux destinés à l’alimentation animale.
– Les fibres longues, tant recherchées, sont principalement utilisées dans les textiles (60% dans l’habillement et 30% dans l’univers de la maison).
Maintenant vous savez tout, en deux temps, trois étapes, le lin est transformé en fibres textiles plébiscitées pour leur qualité. En effet, grâce à leur faible densité et leur résistance à la rupture, la torsion et la compression, elles n’ont pas à rougir face aux fibres de verre ou de carbone.
Les Fashion Week et les saisons peuvent défiler, voilà comment le lin et sa fibre stylistique restent indémodablement à la pointe du textile.
Sources Arvalis-Institut du végétal, CIPALIN, Coop de France