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Les céréales françaises à la carte de nos élevages ?

Vous le savez, sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, les élevages et les céréales font souvent la Une de l’actualité. Impossible pour nous donc de résister à vous parler aujourd’hui des cultures qui font le régal des troupeaux ! Oubliez l’image d’Épinal des bovins vivant uniquement d’herbe et d’eau fraîche et découvrez le menu sur-mesure des élevages français.

Figurez-vous que vous n’êtes pas la seule personne à surveiller votre assiette, celle de animaux est scrutée par les éleveurs toute l’année pour répondre au mieux à leurs besoins en énergie, protéines, lipides, minéraux, oligoéléments et vitamines… Et attention, pas question de proposer un menu unique comme à la cantine, car chaque espèce animale a des exigences nutritionnelles bien spécifiques. C’est là qu’entrent en jeu l’industrie de la nutrition animale et les 9,7 millions de tonnes de céréales made in France qu’elle consomme. Parmi elles,

50 % de blé tendre, 29% de maïs, 14% d’orge et 5% de triticale, mais aussi d’autres matières premières comme du son de céréales, des drêches (résidus de distillation de graines et autres produits végétaux), des produits d’amidonnerie, des protéines comme le tourteau de soja, de colza, de tournesol, des féveroles ou encore des pois…

En tout, ce sont près de 20 millions de tonnes d’aliments pour animaux qui sortent chaque année, sous forme de « concentrés », des 300 usines françaises dédiées à l’aliment du bétail ! Mais comment ces menus « à la carte » sont-ils pensés et préparés ? C’est le métier du « formulateur » qui, selon les critères techniques recherchés pour chaque type d’aliment spécialisé, retient les matières premières de base les mieux adaptées en fonction de leur qualité et de leurs prix d’achat. Il les combine ensuite avec plus ou moins de céréales et/ou d’autres sources énergétiques ainsi que des protéines disponibles sur le marché au moment de la fabrication. Voilà comment s’élabore un aliment sur mesure !

Mais attention, l’industrie n’a pas le monopole de l’alimentation animale. Dans les fermes de polyculture-élevage, les agriculteurs utilisent souvent leur propre production pour compléter l’alimentation des animaux, essentiellement des céréales comme le blé tendre, le maïs, l’orge, le triticale ou des protéagineux comme le pois et la féverole. Cette «autoconsommation» peut générer des économies importantes chez les éleveurs qui disposent des surfaces de production suffisantes ainsi que des installations de stockage et de broyage adéquates. Mieux, elle peut concerner tous les types d’élevage, des bovins aux élevages de porcs, en passant par les caprins.

Mais à quoi ressemblent exactement ces aliments « concentrés » comme les appellent les techniciens agricoles et les éleveurs ? Feuilletons les menus d’une vache laitière…

* quand celle-ci pâture de l’herbe jeune (au printemps par exemple), riche en feuilles et donc en protéines et en eau, elle aura à la carte un concentré riche en matière sèche (MS) apportant de l’énergie et peu de protéines (les céréales sont bien adaptées dans ce cas).

* Si la même vache consomme de l’herbe plus âgée, plus riche en tiges qu’en feuilles elle aura alors besoin d’un complément alimentaire plus riche en protéines. C’est le cas également des bovins qui consomment du maïs pauvre en protéines en quantité importante. Il faut alors équilibrer leur ration avec un complément très riche en protéines, type soja ou aliment composé à 40 % de protéines.

* En production laitière, les besoins des vaches varient beaucoup selon le niveau de production et la qualité des fourrages. L’éleveur calcule donc régulièrement les rations qui comportent en moyenne 80 % de fourrages et 20 % de concentré. L’éleveur doit être vigilant et changer le type de concentré consommé par ses vaches plusieurs fois dans l’année et peut pour cela, se faire accompagner par un technicien nutritionniste.

* Pour les troupeaux de race à viande, la conduite alimentaire est plus simple car les besoins sont plus faciles à équilibrer. À la carte des auges, des concentrés moyennement riches en protéines dont il existe des gammes spécifiques pour les vaches et les taurillons à l’engraissement selon les âges.

Cette flexibilité et cette adaptabilité existent dans tous les types d’élevage puisque pour chaque espèce et chaque type de production, les besoins sont connus et suivis précisément par les éleveurs et leurs conseillers : ce sont les tables d’alimentation et les plans de rationnements (établis avec la contribution de la recherche*). Il faut ensuite les mettre en pratique, vérifier les résultats techniques et économiques pour une bonne rentabilité de l’élevage.

Bref, comme des chefs, les professionnels de l’élevage élaborent tout au long de l’année un menu qui suit les saisons et les besoins de ces clients, sans jamais réclamer d’étoile guide Michelin !

 

*Toutes les normes et recommandations en matière de nutrition animale qui servent aux professionnels de l’élevage, sont issus d’un long travail de recherche depuis des dizaines d’années dans les stations de l’INRAE, les instituts etc… Ces travaux contribuent à une plus grande efficacité technique et économique et permettent de limiter réchauffement climatique.