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Les circuits courts, une nouveauté pas si nouvelle ?

Les circuits courts ont de plus en plus d’adeptes : locavores convaincus, citadins en quête d’authenticité, gourmets responsables… Plus que jamais dans l’air du temps, ils ne sont pourtant pas nés de la dernière pluie. Alors, les circuits courts, mode éphémère ou tendance intemporelle ?

Sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, pas question de mettre la charrue avant les bœufs : les circuits courts, qu’est-ce que c’est ? Des modes de distribution dans lesquels interviennent un intermédiaire maximum, autrement dit des ventes directes, qui dans le domaine agricole peuvent prendre 1001 formes : vente à la ferme, en libre cueillette, collective, sur les marchés, en tournées, à domicile, par internet, sur les foires et les salons, en distribution automatique, via les AMAP ou même dans des fermes auberges. Les agriculteurs peuvent également vendre leurs produits via des restaurateurs ou des commerçants, à condition bien-sûr qu’ils soient leurs uniques intermédiaires. Vous l’aurez compris, avec les circuits courts les producteurs ne perdent pas de vue le fruit de leur travail et les consommateurs savent d’où vient celui qu’ils croquent.

Si on les appelle aujourd’hui circuits courts de distribution, ils étaient hier les circuits de distribution tout court ! Hé oui, depuis toujours ou presque, les villes dépendent des champs, et les agriculteurs n’ont pas attendu l’arrivée des chaînes de transformation et de distribution ou la création d’Internet pour fournir les citadins en produits de la ferme. Des villages entiers composés de maraîchers et d’éleveurs étaient ainsi naturellement implantés à proximité des villes pour y approvisionner marchés et halles chaque semaine. C’est d’abord l’urbanisation qui a commencé à bouleverser cette organisation, puis le développement d’une agriculture et d’une distribution plus modernes au XXème siècle. Motorisation, spécialisation des exploitations, développement des transports, évolution des structures industrielles, développement du commerce au niveau national et international… Pendant cette révolution agricole et commerciale, les distributeurs prennent peu à peu la main sur la vente tandis que les agriculteurs se recentrent sur la production. C’est ainsi que le paysage rural français se transforme profondément avec l’apparition de grandes voire très grandes exploitations. Mais alors, finis les petites fermes et les circuits courts ?

Que nenni, c’est une autre révolution, humaine et économique celle-ci, qui réveille les consciences et poussent agriculteurs et consommateurs à retourner à leurs premiers amours. Côté producteurs, les relations difficiles qu’ils entretiennent avec les entreprises de transformation et les centrales d’achats les encouragent à revoir leur copie et repasser à la vente directe. Côté consommateurs, envies de traçabilité, volonté de maintenir les activités locales, renouer des contacts avec les producteurs… les raisons de se tourner vers les circuits courts ne manquent pas ! On assiste ainsi depuis le début des années 2000 à un véritable retour vers le futur, même si la part de marché des grands magasins reste sans commune mesure, notamment pour les 80% de Français vivant en agglomération.

Mais à quoi ressemblent les fermes des agriculteurs qui choisissent les circuits courts ? Leurs exploitations sont généralement plus petites que celles dites conventionnelles, souvent plus diversifiées et emploient plus de main d’œuvre. Revers de la médaille, sur le plan économique, elles obligent les producteurs à une vigilance accrue : le revenu d’une exploitation agricole dépend directement de la quantité produite et de la marge par unité de production (prix de vente – coût de production). Plus l’exploitation est petite, plus son volume de production diminue, ajoutez à cela une main d’œuvre plus nombreuse et vous obtenez une marge plus « sur le fil du rasoir », que l’agriculteur doit surveiller comme le lait sur le feu tout en contrôlant ses frais.

Niveau écologie, si ces fermes sont généralement gérées par des producteurs aux pratiques respectueuses de l’environnement, impossible de statuer aujourd’hui sur leur bilan carbone en raison de la trop grande diversité de leurs canaux de distribution.
Encouragés par les communes, plébiscités par les consommateurs, populaires chez les jeunes agriculteurs, les circuits courts ne sont pas nouveaux mais ils ont de l’avenir. Décidément, l’agriculture a l’art de faire du neuf avec de l’ancien, mais chuuuut… Ne le dites pas aux citadins !

Sources : Banque mondiale, Insee.