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Les lacs collinaires, à quoi ça sert ?

En France, patrie des râleurs par excellence, il y a au moins une chose dont on ne se plaint pas de manquer : l’eau. Si si demandez donc à vos compatriotes qui ont passé l’hiver les pieds dans l’eau à cause des inondations. Mais, si on ne manque pas d’eau, pourquoi a-t-on besoin des lacs collinaires ? Ça tombe très bien que vous nous posiez la question parce que c’est justement le sujet de ce nouvel article du blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent.

Vous le savez, ici nous n’avons pas pour habitude de mettre la charrue avant les bœufs, alors avant de vous dire à quoi servent les lacs collinaires, nous allons d’abord vous dire ce que c’est. Point de lac Léman à l’horizon, ceux dont nous parlons aujourd’hui sont des ouvrages tout ce qu’il y a de plus artificiels créés pour stocker les eaux de surface et de ruissellement des périodes automnales et hivernales. Constitués d’une digue en terre ou maçonnée, nos lacs collinaires sont particulièrement adaptés aux régions vallonnés et de moyennes montagnes.

 

Maintenant que vous savez d’où viennent les eaux qu’ils contiennent et à quoi ils ressemblent, revenons à nos moutons : les lacs collinaires, à quoi ça sert ? Meilleurs alliés des pompiers durant les périodes de sécheresse estivale, leurs eaux sont aussi des forces motrices pour les moulins et les barrages et des sources d’irrigation agricole, de loisirs, de pisciculture et d’eau potable. Oui, ça fait beaucoup on vous l’accorde.

Ces retenues sont soumises à autorisation ou à déclaration (suivant leur importance) au titre de la loi sur l’eau rubrique (article R214-1 du code de l’environnement). La soumission d’un projet doit être accompagnée d’une étude d’impact environnemental en vertu de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (2006). La réforme des études d’impact issue de la loi ENE (Engagement National pour l’Environnement) du 12 juillet 2010 implique que les dossiers prennent en compte l’effet cumulé des ouvrages en projet à l’échelle du bassin versant.

Pourtant si une partie de ces usages est complètement nouvelle, comme la transformation de certains en centres de loisirs aquatiques, faire des réserves d’eau ne date pas d’hier bien au contraire. Les retenues d’eau existent depuis la Préhistoire, notamment en Égypte et en Mésopotamie en vue de la constitution de réserves d’eau potable, d’irrigation des plantes cultivées et de piscicultures.

Si par la suite, les Romains en construisirent à leur tour c’est surtout au Moyen-âge qu’elles prirent réellement leur essor en Europe, notamment pour alimenter les moulins à eau. Les cartes anciennes portent d’ailleurs encore les traces de nombreux barrages de petites rivières faits par les paysans ou les moines locaux, pour conserver l’eau et y élever du poisson ou pour le rouissage du lin ou du chanvre. Les moulins à eaux étaient quant à eux, installés le long des petits cours d’eau aménagés, pour en utiliser la force motrice et ainsi entrainer leur roue permettant la fabrication de la pâte à papier ou la fabrication de la farine à partir de céréales: blé, seigle, avoine et sarrasin.

Selon les régions et les ressources disponibles, les meuniers utilisaient des moulins à eau et des moulins à vent pour compenser le manque d’eau en été ou de vent. Nos aménagements hydrauliques actuels des rivières et petits cours d’eau sont donc un véritable héritage riche de plusieurs siècles et ont acquis au fil du temps une nature patrimoniale, économique ou ludique.

Comme souvent en agriculture, son patrimoine ancestral n’est que le point de départ d’une histoire qui s’écrit au futur. Hé oui, dans un monde en plein changement climatique, la gestion de l’eau est une source de problèmes plus que jamais d’actualité. Nos lacs collinaires pas nés de la dernière pluie ont donc plus que jamais le vent en poupe. Leurs réserves d’eau jouent désormais un rôle reconnu pour son utilité : puiser dans les retenues collinaires au cours de l’été évite d’avoir à pomper dans les cours d’eaux déficitaires et permet d’accroître les ressources en eau disponibles pour tout le reste de l’année. Oui, quand on vous demande de stocker l’eau de pluie pour arroser votre jardin c’est la même idée !

Alors, à la question les lacs collinaires, à quoi ça sert, vous savez désormais ce qu’il faut répondre : au futur.

Sources :
www.oieau.org
www.actu-environnement.com
Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA, anciennement CEMAGREF).
Impact cumulé des retenues d’eau sur le milieu aquatique, Expertise scientifique collective, Nadia Carluer, pilote scientifique de l’étude, expertise scientifique sollicitée par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer (MEEM) avec l’appui de l’ONEMA, en partenariat avec l’INRA, Mai 2016.
Quelles rivières pour demain ? Réflexions sur l’écologique et la restauration des cours d’eau, Christian Lévêque, Edition Quae, 2016.