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Les pesticides ont-ils leur dose ?

Aujourd’hui, si on demande à un consommateur lambda son opinion sur la présence des pesticides dans l’agroalimentaire et par extension dans son assiette, il y a de très fortes chances qu’il nous réponde : «Trop».

Trop. Et si cette vision commune d’une agriculture française submergée par les pesticides était due à un manque d’informations précises sur leurs conditions d’utilisation et en particulier le dosage ? Alors, en France, les pesticides ont-ils leur dose ?

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Dans le langage agricole, une dose de pesticide, c’est la quantité de produits formulés épandue par hectare soit 10 000 m2. Cette quantité s’exprime en litre ou en kilo (de plus en plus souvent en grammes) de produit commercial par hectare. Obligatoirement mentionnée sur chaque emballage de produit, la dose maximale à respecter par application est clairement indiquée à l’agriculteur.

Gage de sécurité, chaque dose est déterminée -comme pour les médicaments- par les études constitutives du dossier d’homologation, sans lequel un pesticide ne peut obtenir son AMM (Autorisation de Mise en Marché) et donc être commercialisé. Ces études agronomiques, toxicologiques (toxicité vis-à-vis de la santé humaine) et éco toxicologiques (toxicité vis-à-vis de l’environnement) existent depuis plusieurs décennies en France et ailleurs dans le monde. Dans l’hexagone, les apports d’azote et de nitrate – fumures organiques et engrais minéraux – sont également encadrés. Les agriculteurs doivent respecter une dose maximale acceptable et effectuer les épandages à des périodes précises. Qu’il s’agisse d’engrais ou de pesticides, le strict respect des conditions d’utilisation des produits autorisés est fondamental et nécessite de la part des agriculteurs professionnalisme et traçabilité : ils doivent tenir disponibles les enregistrements de toutes leurs pratiques en cas de contrôles.

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Et pas question de jouer au cow-boy, un agriculteur coupable de dépasser le dosage autorisé est hors la loi. Des contrôles sont effectués tous les ans, dans toutes les régions et les sanctions très lourdes. Mais ce n’est pas la peur du gendarme qui dicte le comportement des agriculteurs : ils n’ont aucun intérêt, à sur-doser les pesticides ou les engrais qui ont un coût financier important.

Mais alors, pour trouver la juste dose de pesticides, il suffit de lire l’étiquette ?

Ce n’est pas si simple, n’est pas agriculteur qui veut ! La dose maximale est indiquée en effet sur l’étiquette. Mais dès qu’ils estiment cela possible, les agriculteurs réduisent les doses de pesticides : on parle alors de modulation de doses, et cela nécessite une observation minutieuse des cultures pour tenir compte de la pression exercée par les maladies et les ravageurs propres à chacune d’entre elles. Ils sont en cela aidés par les suivis régionaux des parasites en recevant de façon hebdomadaire, les bulletins de santé des végétaux (BSV) les concernant et en utilisant lorsque c’est possible, des modèles de prévisions d’infestations basés sur l’agro météorologie.

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En fonction de cette pression parasitaire, un produit peut être appliqué plusieurs fois sur une même culture au cours de l’année. Pour une partie des pesticides, le total épandu par an ou le nombre de passages sur une culture est fixé par la loi et figure sur les étiquettes. On parle alors d’encadrement réglementaire ou de restriction d’usage imposés par le législateur. Au-delà de la protection de la santé végétale, ces limites permettent également d’éviter l’apparition de phénomènes de résistances au niveau des parasites visés. Une fois de plus, tout est une question d’équilibre.

Mais si en France, le trop est l’ennemi du bien en matière de pesticides, qu’en est-il pour le reste du monde et notamment les pays dont nous importons les produits agroalimentaires ?

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En termes d’utilisation de pesticides, la France est au 9ème rang européen pour la quantité de substances actives vendues et rapportée à l’hectare, avec 2,3kg/ha, soit un dosage moyen relativement modeste. S’il est vrai que les pratiques à l’étranger ne sont pas les mêmes que chez nous, les doses et les volumes utilisés par hectare sont malgré tout assez proches.

Mais comme toujours dans le domaine agricole, il faut se rappeler qu’il y autant de champs, de cultures et d’agriculteurs que de façons de cultiver la terre. Ainsi, le climat, la géographie, les systèmes culturaux et par voie de conséquence les parasites présents sont autant de raisons de varier les stratégies de protection et donc le dosage de pesticides.

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Limitations, législations, contrôles, étiquetages, pour protéger les cultures et les consommateurs d’un trop plein de pesticides, l’État français propose également aux agriculteurs un autre outil de régulation. Il s’agit d’un réseau de surveillance du parasitisme qui publie très régulièrement des bulletins de surveillance végétale (BSV) par régions et par cultures. En constant développement depuis la création en 1898 à Cadillac (33) de la 1ère station française d’avertissements agricoles, il représente une aide précieuse pour les conseillers agricoles et les utilisateurs de pesticides et de produits de bio-contrôle.

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Pour conclure, à la question, en France, les pesticides ont-ils leur dose, la réponse est évidemment oui et même plusieurs doses. Des champs au sommet de l’état français, nombreux sont ceux qui travaillent de concert pour un dosage juste des pesticides, permettant de conserver notre productivité agricole sans en faire pâtir la santé végétale ni entamer la sécurité qualitative des denrées agricoles.