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Les prairies, c’est juste pour faire joli ?

Dans notre imaginaire collectif, prairies riment souvent avec Heidi. À leur simple évocation, apparaissent devant nos yeux éblouis des champs de fleurs sauvages dévalant de vertes montagnes baignées de sol… Stop ! Trêve de rêveries, aujourd’hui Résonnances vous dit tout sur les prairies, qui sont loin de fleurir en France pour faire joli.

Hé oui, quoi qu’en dise Heidi, dans le système fourrager dont dépendent les exploitations d’élevage de ruminants (laitiers ou allaitants), les prairies jouent un rôle essentiel depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Jusqu’au début du XXème siècle, les exploitations de type polyculture-élevage dominaient le paysage agricole français. Les bovins, les équins et parfois les ovins et les caprins étaient présents dans la plupart des fermes hexagonales, pâturant l’été dans les prairies et se nourrissant l’hiver des foins issus de ces mêmes prairies. Celles-ci constituaient donc déjà à l’époque la base de l’alimentation du bétail, complétée par des racines comme les betteraves.

Mais c’est véritablement après la guerre que les prairies vont être investies du rôle clé qu’elles occupent aujourd’hui. En 1946, la France a faim et l’agriculture va se transformer pour augmenter sa productivité. Pendant cette période connue sous le nom de révolution fourragère, le monde agricole fait sa mue. Au programme : spécialisation des exploitations, avancée de la mécanisation et développement sous l’impulsion des industriels de nouvelles cultures, en particulier des fourrages dont les élevages ont tant besoin. En parallèle, les méthodes de récolte et de conservation sont optimisées pour ramasser et stocker des quantités de fourrage toujours plus importantes.

Pendant cette révolution fourragère, les agriculteurs ne chôment pas, leurs prairies non plus! Leur diversification s’accentue au rythme de celle des systèmes d’exploitation en fonction des nombreux paramètres liés à chaque ferme d’élevage : région, topographie, sol, parcellaire, pluviométrie, type d’animaux et de production, niveau d’intensification…
Au niveau européen, la PAC (Politique Agricole Commune) oriente également leurs systèmes de production, elles sont ainsi classées en plusieurs types. On inclut aussi dans cette catégorie des surfaces très peu productives comme les landes et certaines surfaces d’alpage. Il existe également des prairies permanentes de plaine comme le bocage normand, des régions spécialisées comme le Charolais, le Limousin, des fonds de vallées inondables… présentes dans des lieux peu propices à la culture céréalière. Les prairies permanentes de montagne sont réputées pour leur flore spécifique, qui offre une excellente alimentation en été comme en hiver et dont sont issus indirectement les produits laitiers sous signe officiel de qualité des Alpes, du Jura et de Massif Central.

On distingue deux autres types de prairies cultivées : les prairies temporaires étendues sur plus de 2,7 millions d’hectares et les prairies artificielles qui couvrent quant à elles près de 370 000 hectares. Les 1ères, comme leur nom l’indique sont semées en moyenne pour 3 ou 5 ans. Elles sont constituées de différentes espèces de graminées (ray-grass, fétuque, dactyle…) et de légumineuses (trèfle, luzerne…). Les prairies artificielles contiennent uniquement des légumineuses et en particulier de la luzerne, exploitée par les usines de déshydratation car elles constituent une excellente source de protéines végétales.


Dans tous les cas, les prairies semées le sont à partir de plantes sélectionnées en fonction des différents critères : une forte production, une résistance aux maladies, une souplesse d’exploitation, une résistance à la sécheresse…

Loin de nos images d’Épinal, il n’existe donc pas un seul type de prairie fleurie mais des prairies aux compositions floristiques bien différentes, en raison d’une sélection naturelle faite au fil du temps pour les permanentes ou de semis réguliers pour les cultivées. Leur productivité dépend des sols, du climat, du mode d’exploitation choisi par l’éleveur (pâture, ensilage, foin…). Un hectare de prairie relativement peu productive nourrira ainsi l’équivalent d’une brebis pendant 1 an tandis qu’une plus productive alimentera 2 vaches produisant 7 à 8000 litres.

N’en déplaise à nos lecteurs les plus rêveurs, les prairies françaises ne fleurissent donc pas pour leur plaisir mais pour les nourrir. Rien ne vous empêche cependant de vous y prélasser!