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Les semences industrielles, chouchoutes des agriculteurs ?

Après un petit tour sur Résonnances, vous avez appris à faire plus ample connaissance avec les semences. Avec nous, jamais 2 sans 3, après un article sur leur valeur  et un sur leur monopole, en voici un petit dernier sur les préférées des cultivateurs ! Alors, production industrielle ou production personnelle, quelles semences ont leur préférence ?

Aujourd’hui, les agriculteurs ont le droit de réutiliser leurs propres récoltes et ils ne s’en privent pas, tout au moins pour les céréales à paille. Pour le blé, ils en achètent pourtant 50 à 60 % de leurs besoins chez un semencier. Mais qu’est ce qui les pousse à préférer ces graines dites « certifiées » venues d’ailleurs ?

Surveillance des parcelles dédiées à l’amélioration génétique des variétés, triage des grains avec des outils de plus en plus pointus, traitement avec des produits haut de gamme… Les semenciers ne ménagent pas leurs efforts pour offrir aux agriculteurs des semences d’une excellente fiabilité, avec en prime la possibilité d’un recours en cas d’accident qualitatif. De plus, pour certains agriculteurs, à la fiabilité et à la qualité de ces graines certifiées, s’ajoute leur nécessité : de nombreuses cultures comme le maïs sont implantées avec des semences hybrides. L’hybridation consiste alors à croiser deux plantes pour en créer une nouvelle : on cultive en rangs alternés des graines de deux variétés différentes, dont l’une joue le rôle de mâle et l’autre de femelle. La semence récoltée sur les plantes femelles est plus vigoureuse et augmente la productivité du champ tout entier. Ce phénomène naturel de « vigueur hybride », encore mal expliqué par les généticiens eux-mêmes, est très variable : très net avec le maïs, il est moins évident pour le blé. L’autre particularité de ces semences hybrides est de donner des cultures homogènes uniquement à la première génération de culture. Ressemées une deuxième fois, elles créent une pagaille sans nom dans les rangs, avec des plantes très diverses aux dates de maturité anarchiques.

Les producteurs de maïs font donc le choix de ne pas utiliser de semences de ferme pour sécuriser leur production. Les plus réfractaires à l’achat de semences contournent le problème produisant eux-mêmes des semences hybrides. C’est cette technologie qui a permis le développement de leur culture en France, à partir des années 1950, qui s’étend désormais à d’autres espèces, comme le tournesol, le colza et de nombreux légumes (tomate, melon, poivron…).

Autre culture chouchoute des semenciers professionnels : les plantes dont on récolte la racine comme la betterave. En effet, dans ce cas, une contrainte naturelle joue en faveur des industriels : la racine de betterave doit être laissée en terre une deuxième année pour pouvoir monter en graines. La production de leurs semences est donc un métier à part entière, jamais pratiqué par les cultivateurs de betteraves sucrières.

Pour résumer, les semenciers industriels ne ménagent pas leurs efforts pour séduire les agriculteurs avec des graines à la qualité et à la fiabilité indéniables. Mais pour l’instant, pas de préférence, industrielles ou fermières, les semences sont toujours au coude à coude dans les champs français.