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Les techniques culturales simplifiées, qu’est-ce que c’est ?

Less is more ! Et si cette botte secrète du négligé chic qui fait la renommée de l’élégance parisienne s’apprêtait à son tour à défiler dans les champs ? Vous le savez, l’agriculture vit aujourd’hui une profonde mutation qui pose de nouvelles questions, dont une fondamentale : doit-on arrêter de labourer ? Mais qu’est ce qui peut pousser les agriculteurs à mettre sur la sellette une pratique culturale ancestrale ? Le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous emmène à travers champs découvrir aujourd’hui de nouvelles techniques agricoles simplifiées.

Labour or not labour, that is the question. Labourer, c’est the technique de base depuis des siècles pour obtenir une structure du sol favorable à l’enracinement des plantes. Cette pratique culturale qu’on ne présente plus, consiste à retourner complètement les couches supérieures du sol (environ + ou – 30 cm d’épaisseur) à l’aide de charrue à socs.
Elle permet ainsi d’incorporer les résidus de la récolte précédente et d’enfouir les fertilisants organiques (fumier, composts) et minéraux tout en luttant contre les mauvaises herbes en les détruisant mécaniquement. Et attention, ce n’est pas parce qu’elle est ancestrale qu’elle n’a plus le vent en poupe : elle donne aujourd’hui encore lieu à des concours aux niveaux local, régional, national et même international, organisés par de jeunes agriculteurs afin de favoriser l’émulation pour le travail bien fait. La grande variété des conditions de sol permet à chacun de faire la preuve de son talent à l’image des concours de beauté du bétail ! Il est pas beau mon labour ?
Mais alors, qu’est-ce qui pousse l’agriculture à chercher de nouvelles techniques ? Selon la texture du sol, le labour peut être insuffisant pour obtenir un lit de semences satisfaisant pour faire germer les graines : d’autres outils doivent être utilisés pour émietter la terre en surface ou éventuellement la tasser.
Bref, le labour c’est beaucoup de travail et beaucoup de matériel, d’où des coûts à supporter.

Or, en 2020, pas de changement, l’ère est toujours et encore à la rationalisation maximale des coûts de production et du temps de travail, ainsi qu’à la préservation de la structure du sol (éviter les tassements) et de la vie des sols. Donc à la réduction du nombre de passages d’outils et … à la simplification du travail du sol. Alors, ces fameuses techniques culturales simplifiées qui font de l’ombre au labour, qu’elles sont-elles ?

La première est l’agriculture de conservation : un travail du sol superficiel qui se limite à la préparation du lit de semences et à l’installation de la culture en conditions favorables. L’objectif ? Diminuer le temps de travail, réduire le coût de la mécanisation et d’énergie non renouvelable et économiser l’eau dans les zones où c’est un facteur limitant comme lorsque les risques d’érosion et de ruissellement sont réduits. L’accroissement du taux de matière organique dans l’horizon travaillé du sol favorise une meilleure rétention de l’eau et améliore le taux de matière organique.
Enfin, le stockage du carbone, plus important en absence de labour, diminue les émissions de CO2. La réduction du travail du sol, l’absence de labour et l’installation de couverts végétaux, de semis couvert, de plantes de service permettent d’améliorer les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols, tout en participant à la réduction de l’effet de serre. En évitant de perturber le sol et en le couvrant de façon permanente, on développe par exemple, la présence de vers de terre. La biodiversité et cet équilibre biologique retrouvé permet à son tour de réduire les consommations de pesticides et de se diriger vers la lutte intégrée.
Attention ! L’agriculture de conservation n’est pas une « recette toute faite  » mais repose sur une combinaison des trois principes fondamentaux que sont la réduction du travail du sol, la couverture végétale permanente et l’élaboration de rotations plus longues et plus diversifiées. Ainsi, chaque agriculteur adapte son système en fonction de son milieu et de ses objectifs dans les règles de l’art.

La seconde technique simplifiée qui fait son petit bonhomme de chemin à travers champs est le semis direct. Cette simplification extrême consiste à semer directement les graines d’une culture dans le sol laissé ‘’en l’état’’ par la culture précédente. Le travail du sol se limite alors simplement à la ligne de semis. Les semoirs utilisés sont des matériels semi-portés ou trainés, très lourds (650 à 900 kg par mètre de largeur semée, soit environ 3 à 4 fois un semoir classique), et munis d’organes d’enterrages robustes capables de pénétrer dans un sol, préalablement non travaillé, en vue d’y mettre les graines. Attention cependant, pour être rentable et non préjudiciable pour le sol, le semis direct doit être pratiqué dans des conditions favorables, notamment au niveau de la structure du sol.

Au vu de ces innovations, le labour a-t-il vraiment du souci à se faire ? Comme souvent en agriculture, l’heure est au bilan nuancé : aussi prometteuses soient-elles, ces techniques innovantes ne sont toutefois pas simples à mettre en œuvre et ne peuvent s’appliquer de la même façon dans tous les contextes sol-climat-plante-système de culture. Mais elles font l’objet d’expérimentations encourageantes et gagnent du terrain.
Les agriculteurs qui les mettent en pratique partagent leurs expériences avec leurs collègues via des forums ou club techniques. Si besoin, pour disposer du matériel adapté (car ces techniques demandent des équipements spécifiques qu’il faut apprendre à maîtriser), ils investissent en commun avec des voisins, ou bien recourent à l’entrepreneur de travaux agricoles ou des services de la CUMA (Coopérative d’Utilisation des Machines Agricoles). Bref, dans le domaine du travail du sol, vous l’avez bien compris, il n’y a ni recette ni coup de baguette magique et rien ne remplace encore le savoir- faire de l’agriculteur et sa capacité à faire des choix adaptés sur mesure à ses sols et son système de cultures.