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Pourquoi laisse-t-on la paille bronzer dans les champs à la fin de l’été ?

Bien qu’à l’origine de nombreuses expressions, loin de se cantonner à son rôle de muse, en France la paille ne chôme pas. Pourtant, une grande partie de sa production n’est même pas récoltée. Alors à quoi sert la paille qui reste dorer dans les champs à la fin des moissons ?

Laissez-nous commencer par les présentations : pailles creuses d’orge ou d’avoine, pailles plus ou moins creuses de blé, pailles pleines de blé dur, de maïs, de sorgho ou encore pailles de pois… Il n’existe pas une, mais des pailles aux origines aussi variées que leurs nombreuses similitudes.

Riches en cellulose, elles sont toutes issues de la production de graines de céréales et protéagineux. À la fin de la moisson une fois les graines récoltées, il reste sur les champs les chaumes, la partie basse de la tige non coupée haute de 15 à 20 cm. Au-dessus, la partie haute de la tige qui porte les grains, c’est la paille, qui représente 60 % du rendement en grain. La récolter ou ne pas la récolter, telle est la question qui se pose alors à tous les agriculteurs céréaliers.

Une fois ramassée, la paille est en effet une ressource recyclable et utile de 1001 manières dans les fermes céréalières ou d’élevage mais aussi dans la construction de bâtiments, dans la vannerie ou comme source d’énergie. Mais alors, si la paille récoltée constitue un tel trésor, pourquoi en laisser une partie dans les champs peaufiner son bronzage ?

Pour la simple et bonne raison qu’elle peut aussi y faire des merveilles. À la fin de la moisson, lorsqu’elle n’est pas mise en balles rondes, carrées ou rectangulaires avant d’être transportée et stockée à l’abri de la pluie, la paille est soit directement broyée et enfouie sous les champs, soit laissée telle quelle sur place.

Enfouie dans la terre, elle y apporte de la matière organique et restitue ainsi au sol une partie du carbone fixé par la photosynthèse et des éléments minéraux prélevés par la culture. Cet enfouissement favorise alors l’activité des micro-organismes qui réorganisent une partie de l’azote présent après la moisson, ce qui lui évite d’être lessivé avant l’installation de la culture suivante. En plus, lorsqu’elle est broyée directement sur le champ, la menue paille (ses débris et les enveloppes de grains) et les chaumes restent sur place et contribue au retour de la matière organique.

Lorsqu’elle est laissée sur place à l’air libre, la paille dégaine une autre de ses bottes secrète : elle protège le sol de l’érosion grâce aux résidus végétaux gardés en surface qui augmentent le taux d’humus. Cet usage appelé technique du paillis est particulièrement prisé en horticulture et en maraichage car elle limite aussi la croissance des mauvaises herbes.

Vous l’aurez donc compris, loin de se dorer la tige à la fin de l’été quand nous reprenons tous le chemin du métro-boulot-dodo, la paille non récoltée travaille en fait activement au bien-être des sols et préparent déjà la prochaine moisson.