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La paille, monnaie solidaire avant l’heure ?


Vous l’avez compris depuis bien longtemps si vous faites partie de nos lecteurs les plus fidèles, dans l’agriculture, rien ne se perd tout se transforme ou presque. Les agriculteurs pratiquent ainsi depuis toujours une économie qui n’appartenait qu’à eux jusqu’à récemment, celle du recyclage et du troc. La proximité des exploitations et l’éloignement des villes combinés ont créé une solidarité paysanne ancestrale qui bien que distendue en partie par les progrès technologiques reste inscrite dans l’ADN des agriculteurs.

Ainsi la paille, monnaie solidaire avant l’heure est un bel exemple de complémentarité plus que jamais contemporaine.

Et oui, une fois récoltée et pressée par les céréaliers en jolies balles rondes, elle sert de litière aux animaux des éleveurs (formant ainsi la base du fumier) et de quatre heures aux ruminants, les seuls capables de digérer la cellulose grâce à l’activité microbienne de leur panse. Les céréaliers eux, ont besoin du fumier produit par les bovidés pour leurs cultures. Ainsi, un éleveur disposant de fumier en grande quantité le valorisera en l’échangeant contre de la paille et un céréalier améliorera le taux de matières organiques de son sol par l’échange paille-fumier plutôt qu’en enfouissant simplement ses pailles.

Dans ce schéma la paille est donc une monnaie d’échange qui profite à tous, vaches et sols y compris. Mais lors de certaines années climatiquement difficiles, souvent dramatiques pour le monde agricole, la complémentarité fait place à la solidarité.

Quand la sécheresse s’installe et se prolonge, les herbages ne peuvent plus nourrir les troupeaux et les éleveurs se tournent alors vers les céréaliers. La paille peut en effet pallier le manque de fourrage grâce à sa pauvreté en sucres solubles, en matières azotées, en minéraux et en vitamines (à l’exception de la vitamine D). Malgré sa faible valeur alimentaire, la paille constitue donc la ration de base des brebis et des agneaux et peut, bien complémentée, être ajoutée à celle des génisses d’élevage, des vaches allaitantes et même des vaches laitières pour compenser le manque de fourrage.

Et pas de menue monnaie qui tienne, la menue paille aussi a de la valeur ! Ces débris de pailles fines, d’enveloppes de graines et de grains non désirés pour la culture suivante sont récupérés par un système de bac à la sortie de la moissonneuse batteuse. Riche en fibres d’une part, elle facilite la digestion des ruminants des éleveurs bovins et riche en silice de l’autre, elle sert de litière aux volailles des aviculteurs.

Conclusion : même sur la paille, l’agriculture a toujours de la ressource !