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Quand le développement durable est-il né ?

Le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent pourrait vous répondre tout simplement : jadis. Comme souvent dans le monde agricole, des notions qui semblent incroyablement modernes comme le développement durable sont en réalité ancestrales. Alors chaussez vos bottes et zippez votre parka, Résonnances vous emmène en balade à travers les champs d’hier et de demain pour découvrir l’histoire du développement durable !

La toute première trace écrite de son existence est une ordonnance édictée par le roi Philippe IV de Valois « eu regard à ce que les-dîtes forêts et bois se puissent perpétuellement soustenir en bon état ». En 1669, Colbert s’en inspire et édicte une nouvelle ordonnance sur les eaux et forêts, pour la même raison : maintenir la capacité de production des massifs forestiers. Déjà apparait la notion de solidarité entre les générations et l’avenir « de ceux qui seront sur terre quand nous n’y serons plus ». À la fin du XVIIIème siècle, c’est le roi de Saxe qui face à une forte consommation de bois, due à l’exploitation des mines d’argent et la fabrication de porcelaine, prône « un usage durable des ressources et emploie le terme de durabilité ». À cette époque, la définition de la durabilité n’apparait pas encore mais est pressentie par un dénommé Georg-Ludwig Hartig, qui écrit qu’il convient de gérer les forêts « de sorte que les générations futures puissent en retirer au moins autant d’avantages que les présentes ». Le 1er militant pour le développement durable était né. Quelques siècles plus tard, une révolution en annonçait une autre : le 11 juillet 1789 lors du dépôt à l’Assemblée d’un projet de déclaration des droits de l’homme et du citoyen, l’article 10 mentionne « le droit des générations qui se succèdent ». Si cette mention est finalement abandonnée dans le texte final (pour réapparaitre en 2004), on sait qu’elle a été rédigée par Lafayette, après lui avoir été soufflée parThomas Jefferson, ambassadeur des États-Unis auprès de la cour de France.

Mais quand le développement durable fait-il son entrée officielle dans notre vocabulaire et nos pratiques ? Tout commence – ou plutôt continue – véritablement dans les années 1960 avec les premières critiques du mode de croissance productiviste. Le Club de Rome, club d’industriels fondés en 1968, est à la tête de ce mouvement. Le développement durable est donc d’abord un concept international. Au début des années 1970, 24 pays membres de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) proclament le principe du pollueur-payeur. Des chercheurs publient alors un ouvrage désormais célèbre qui a pour titre « Halte à la croissance ». Le développement économique y est présenté comme incompatible avec la protection de la planète à long terme.C’est dans ce climat de confrontation entre écologie et économie que se tient la Conférence des Nations Unies sur l’environnement de 1972. Pourtant, malgré une ambiance tendue, elle parvient à retenir l’essentiel et fonde le socle des 3 piliers du développement durable un an avant le premier choc pétrolier de 1973 :

Roi de France, Roi de Saxe, industriels italiens, dirigeants européens… Mais quand les citoyens se sont-ils emparés à leur tour du concept de développement durable ? Il faut attendre le début des années 1980 pour que le grand public découvre les pluies acides, l’effet de serre, la déforestation, l’épuisement des ressources naturelles avec la catastrophe de Tchernobyl, la marée noire de l’Exxon Valdez ou encore la catastrophe Erika. En 1987, la publication du « rapport Brundtland » intitulé « Notre avenir à tous » introduit la conception innovante des gouvernements sur les relations entre l’environnement et les politiques publiques. C’est là qu’apparait l’appellation de « développement durable ou soutenable » avant d’être définitivement consacrée en juin 1992, au premier « Sommet de la Terre » organisé par les Nations Unies. 170 chefs d’états signent un programme d’actions pour le XXIème siècle : l’Agenda 21. Le développement durable, s’impose enfin et devient le point de repère comportemental des consommateurs, entreprises, collectivités territoriales et des États. En 2004, les textes constitutionnels français confirment son inscription dans le droit fondamental. Les acteurs font progressivement émerger un nouveau modèle de société, alliant progrès économique, environnemental et humain. En France, cette dynamique a été amplifiée par la stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable de 2015-2020. Elle succède à la stratégie nationale de développement durable 2010-2013 et fixe le nouveau cap en matière de développement durable.

Et si finalement le plus important dans le développement durable n’était pas sa naissance, mais son avenir ?