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Que ruminent les vaches en hiver ?

C’est un secret pour personne : nos vaches ruminent, d’ailleurs on vous a déjà expliqué leur motivation ici. Et on aime tellement ce sujet qu’on ne peut pas attendre l’été pour vous parler du régime de nos ruminants préférés ! Vous saurez tout sur la botte secrète qui leur permet d’afficher cette ligne parfaite que l’on peut toutes et tous admirer le long des routes qui nous mènent chaque année en vacances. À la Une de Résonnances aujourd’hui, leur régime d’hiver concocté par les meilleurs spécialistes !

S’il y a bien un endroit où Dunkan, le tout ananas et le régime paléo ne passeront pas, ce sont les étables dans lesquelles les éleveurs français veillent au grain. Avant toute chose, laissez-nous vous expliquer pourquoi on y distingue un menu estival et un menu hivernal. Dans les zones très tempérées en bordure de l’océan, en particulier en Bretagne et Normandie l’herbe pousse pratiquement toute l’année, même si ce n’est pas suffisant en quantité et en qualité pour satisfaire les besoins des animaux. Dans ces régions au climat favorable, les vaches peuvent pâturer de 200 à 300 jours par an, de février à novembre. Des compléments sont distribués à certaines périodes. Dans les régions moins propices à la pousse de l’herbe, la saison de pâturage est beaucoup plus réduite. Le manque d’eau, le froid et l’excès de chaleur bloquent la végétation. Elle démarre en avril jusqu’à l’automne, mais peut s’interrompre en été. Voilà pourquoi la grande majorité du cheptel hexagonal change de régime au rythme du temps et des saisons. Les excès d’eau entrainent des arrêts de pâturage car les animaux dégradent la prairie et le sol.

Mais quand l’hiver arrive et que l’herbe vient à manquer, que ruminent les vaches ? Principalement des fourrages conservés : foin de graminées ou de légumineuses, de l’ensilage d’herbe ou de maïs ou encore des racines (betteraves fourragères). Ainsi, chaque année, les éleveurs doivent calculer au mieux les cultures qu’ils devront semer, récolter et stocker afin de disposer de quantités suffisantes pour nourrir le troupeau pendant les saisons froides. Mais s’ils n’ont aucun mal à anticiper l’appétit de leurs bovins, il est malheureusement impossible aux éleveurs de deviner à quelles conditions météorologiques leurs champs seront exposés. Et comme souvent en agriculture, c’est Dame Nature qui a le dernier mot. Tout écart important de température ou de pluviométrie peut avoir de très lourdes répercussions sur les quantités et les qualités produites. Alors, face aux aléas du ciel, les éleveurs n’ont qu’une solution : s’adapter. Certains étés comme en 2018 par exemple, la pousse de l’herbe n’a pas été au rendez-vous et il a fallu mettre à disposition des vaches des compléments de fourrages pouvant représenter jusqu’à 50 % de leur ration journalière.

Que faire alors face à une situation qui entame sévèrement, dès les beaux jours, les rations prévues pour l’hiver ? Les éleveurs les plus prévoyants peuvent compter sur des réserves confortables de fourrages constituées d’une année sur l’autre. D’autres encore anticipent très tôt les risques en réformant plus précocement des animaux, en achetant de bonne heure des fourrages à l’extérieur de l’exploitation, avant que les prix ne grimpent trop vite. Pour les autres, il faut essayer de faire face. D’abord en calculant au plus juste leur bilan fourrager pour l’hiver, puis en réservant les meilleurs fourrages pour les animaux les plus productifs. Pour les vaches moins exigeantes, les agriculteurs utilisent de la paille, de l’aliment liquide ou augmentent la part de céréales dans les rations, mais sans excès.Enfin, dernier ajout au régime bovin hivernal : les coproduits. Issus de fabrications industrielles comme la production de bière, d’amidonou de bioéthanol, ils sont utilisés depuis des décennies. Parmi eux on peut trouver :

  • Les drêches de brasserie, issues du malt (orge fermentée)
  • Les drêches de soja provenant de la fabrication du jus de soja
  • Les drêches de blés ayant servi à la fabrication du bioéthanol
  • Le tourteau de colza et de soja, issu de la trituration de la graine destiné à faire de l’huile, ressource importante de protéines
  • Le corn gluten, provenant des industries d’amidonnerie utilisant la graine de maïs et de blé
  • La pulpe de betteraves, résidu de la production de sucre.

Mais attention, pas question de supprimer les rations de foin pour autant ! Car les co-produits contiennent peu de cellulose (fibres), or une vache en a absolument besoin pour ruminer. Elles sont d’ailleurs les seules à pouvoir digérer la cellulose, grâce au microbiote présent dans leur panse. Autre inconvénient de ces compléments alimentaires, leurs prix grimpent aussi vite que les soucis météorologiques, loi du marché oblige… Résultat, au final quand il s’agit du régime d’hiver des bovins français, ceux qui doivent se serrer la ceinture sont parfois les éleveurs !