Google+
Google+
Google+
header

Quel bilan carbone pour les élevages français ?

À l’heure de la transition écologique, l’agriculture s’interroge sur son impact sur notre planète. Produire mieux en polluant moins, c’est la devise des agriculteurs du monde entier pour les décennies à venir et les éleveurs n’échappent pas à la règle. Voilà pourquoi le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous explique pourquoi les élevages polluent aujourd’hui et comment ils pollueront moins demain.

Commençons par le commencement, en précisant que c’est à l’empreinte carbone des élevages que nous nous intéressons aujourd’hui, c’est à dire la quantité de CO2 – dioxine de carbone ou gaz carbonique – émise par une consommation d’énergie et de matières premières. Celle-ci se calcule en poids par unité de référence, soit par kilo de produit, par litre de lait, par pays ou par personne par exemple. Ce sont ces fameuses émissions de gaz à effet de serre qui provoquent le réchauffement de la planète et sont dans le collimateur de nos éleveurs. L’élevage émet en effet des GES de plusieurs natures :

  • Le dioxyde de carbone (CO2) émis par l’utilisation d’énergie sur l’exploitation (fioul et électricité) ainsi que pour la fabrication de tous les intrants et de leur acheminement vers l’exploitation (engrais, aliments, matériaux) et de tout ce qui est acheté à l’extérieur.
  • Le méthane CH4 émis en particulier par les ruminants par éructation lors de la digestion de la cellulose. C’est le fameux « rot» des vaches et celui émis par les déjections.
  • Le protoxyde d’azote (N2O) qui dépend des épandages d’engrais minéraux (besoin énergétique important lors de la fabrication des engrais azotés) et organiques (fumier et lisier).
  • L’ammoniac (NH3) plutôt dans les élevages porcins qui en quantité importante peut acidifier les milieux environnants. Il faut souligner que les surfaces de végétaux destinées à nourrir les animaux (herbes, foin, ensilage, céréales…) sont lors de leur croissance des surfaces de captage du carbone atténuant fortement les émissions des élevages.

Résultat, si toutes les filières agricoles et agro-alimentaires cherchent à réduire leurs émissions de GES, l’élevage – particulièrement concerné – a démarré plus vite des démarches avec un cadre de référence commun et des méthodologies précises et rigoureuses validées par le ministère de l’environnement. Un label « bas carbone » a été mis en place. En définissant les conditions d’éligibilité des acteurs et de leurs pratiques, celui-ci permet de certifier les projets de réduction d’émissions de GES et de séquestration du carbone. Concrètement dans les élevages, cela se traduit premièrement par la réalisation d’un diagnostic environnemental, technique et économique. Dans la filière bovine, les secteurs lait et viande ont ainsi mis au point un outil, le CAP2ER, utilisés par des milliers d’élevage. En élevage porcin, deux groupements et des entreprises de transformation démarrent également dans cette démarche bas carbone. Dans un second temps, l’identification des leviers d’action potentiels permettant d’améliorer son empreinte carbone et ses performances techniques et économiques permet la construction avec l’éleveur d’un plan d’action adapté à son exploitation.

Grâce à la combinaison de ces différentes actions, de nombreux leviers sont d’ores et déjà actionnés par les éleveurs pour faire baisser leur bilan carbone :

  • L’amélioration des performances techniques. Par exemple dans l’élevage bovin, cela passe par la réduction de l’élevage des jeunes animaux, faire vieillir davantage les vaches, améliorer la reproduction pour limiter les jours improductifs ou encore améliorer la ration fourrage produit sur la ferme et limiter les concentrés.
  • La réduction des intrants alimentaires protéiques liés à la déforestation, ce fameux tourteau de soja du Brésil. De nombreux travaux sont en cours pour réduire cette dépendance dans toutes les filières comme son remplacement en élevage bovin par du tourteau de colza ou encore l’accroissement de la culture de luzerne et de trèfles riche en protéines.
  • La réduction de la teneur en protéines de la ration distribuée aux bovins et aux porcs grâce à des programmes alimentaires mieux adaptés aux différentes phases de l’élevage.
  • La bonne gestion des déjections, par une évacuation rapide des bâtiments, par un stockage limitant les pertes grâce à des couvertures de fosses et par le compostage. L’épandage dans les champs avec les nouveaux matériels permet notamment d’enfouir cette matière organique riche en fertilisants en maitrisant les pertes et les odeurs.
  • L’utilisation de ces effluents d’élevage dans des stations de méthanisation. Ce processus biologique permet de produire de l’énergie renouvelable, appelé « biogaz » à partir de la dégradation des matières organiques par des bactéries. Ensuite par cogénération, on produit de l’électricité, ou on injecte le gaz dans le réseau de GRDF.
  • La réduction de consommation d’énergie (électricité et fuel) grâce à des réglages optimisés sur les matériels.
  • Une généralisation des couverts végétaux entre cultures, l’implantation de haies pour capter encore plu de carbone…

Pour conclure, si l’élevage a encore du chemin à faire pour obtenir un bilan carbone 0 défaut, une chose est certaine : la mobilisation est générale ! Agriculteurs, instituts de recherche, entreprises de l’agro-alimentaires et distributeurs multiplient les initiatives pour réussir eux aussi leur transition écologique.