Google+
Google+
Google+
header

Une vie d’abeille, qu’est-ce c’est ?

Avec leur petit maillot jaune à rayures noires, on pourrait presque confondre les abeilles avec des forçats tout droit sortis d’un album de Lucky Luke. Il faut dire que l’uniforme n’est pas leur seul point commun ! Car si les abeilles ne sont pas condamnées à casser des pierres avec les frères Dalton, leur quotidien se résume à ces trois mots : boulot, boulot et boulot. Alors une vie d’abeille qu’est-ce que c’est, découvrez le nouvel article de Résonnances à butiner sans modération.

Ce job si prenant, c’est la pollinisation et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est un secteur qui éveille les vocations : il existe dans le monde des dizaines de milliers de pollinisateurs ! Alors qu’à elles seules, les abeilles sauvages représentent déjà plus de 20 000 espèces pollinisatrices, il faut ajouter à cette liste de nombreux insectes comme les hyménoptères, diptères, lépidoptères, et autres coléoptères mais aussi certains papillons de jour et de nuit, les guêpes, les oiseaux, les chauves-souris, les souris, les lézards et …. le vent bien sûr !

Mais intéressons nous de plus prêt à celle que nous croisons le plus souvent dans nos jardins, l’abeille domestique européenne à miel, de son petit latin Apis mellifera. C’est l’espèce pollinisatrice la plus répandue dans le monde et elle produit chaque année pas moins de 1,5 million de tonnes de miel.

Sa vie de labeur s’organise autour de la ruche, comparable à une petite entreprise qui renferme une société hiérarchisée, structurée et organisée. Le boss, c’est la reine qui met près de 16 jours à naître, se nourrit uniquement de gelée royale et vit entre 1 à 5 ans. Sa mission ? Pondre, pondre et encore pondre dans les alvéoles de la ruche entre 1500 à 3000 œufs par jour. Toutes à son service, les 50000 abeilles ouvrières, stériles elles, ne chôment pas. Elles ont une durée de vie d’environ 27 jours l’été et 27 semaines l’hiver, assurant ainsi la survie de la colonie pendant la saison froide. Comme dans le monde du travail, en prenant de l’âge, les abeilles grimpent dans la hiérarchie. Elles exercent successivement jusqu’à sept fonctions différentes : nettoyeuse, nourrice, architecte, manutentionnaire, ventileuse, gardienne et butineuse.

C’est vers l’âge de trois semaines que les ouvrières peuvent ainsi devenir butineuses et s’envoler enfin hors de la ruche à la recherche de nectar, de pollen et d’eau, indispensables à la colonie. Le nectar, c’est le cœur du business de la ruche, une source de glucides (sucres) destinée à être transformée en miel. Le pollen lui, est riche en protides (protéines). Nos butineuses à rayures effectuent entre 10 et 100 voyages par jour (en moyenne une vingtaine) selon la disponibilité des fleurs. Voilà pourquoi il est si important pour elles d’avoir une alimentation florale et mellifère pas trop éloignée de la ruche car sinon trop sollicitées et soumises à ce train d’enfer, elles s’épuisent et leur durée de vie diminue. Une abeille peut visiter 250 fleurs… en une heure ! La production d’un kilo de miel nécessite 50000 voyages, soit 40000 km et la visite de près de 100 millions de fleurs. Mais alors, dans cette petite usine chimique qu’est la ruche, tout le monde travaille ? Et bien non ! Quelques centaines de faux-bourdons sans dard volent de-ci de-là, en dilettante. Leur job : s’accoupler avec la reine. Soit la fécondation réussit et les œufs donnent des abeilles ouvrières et parfois une nouvelle reine, soit les œufs sont non fécondés et donnent des faux bourdons 24 jours après la ponte royale. Comme la reine et des abeilles ouvrières, ces mâles connaissent trois stades de développement avant d’émerger : l’œuf éclot au bout de 3 jours, le stade larvaire dure 10 jours et le stade nymphal 11 jours.

Résultat de cet activisme collectif : le tiers de notre consommation alimentaire disparaitrait si nos petits forçats des jardins arrêtaient de travailler. Pas étonnant lorsque l’on sait que près de 80 % des plantes à fleurs de la planète sont pollinisées par les insectes pollinisateurs et que les abeilles assurent à elles-seules l’essentiel de la pollinisation des cultures maraichères et des arbres fruitiers ! C’est simple, sans les abeilles, pas de miel, plus de fraises, d’aubergines, de poires ou d’amandes sur les étals des marchés…  Ne nous resterait que les céréales comme le riz, le blé ou le maïs qui selon la FAO, représentent 75% de notre alimentation. Hé oui, ces graminées n’ont pas besoin des services des abeilles pour leur pollinisation. Ça tombe bien car comme elles sont beaucoup moins attractives que les fleurs, elles sont boudées par nos ouvrières bourdonnantes.

Une chose est sûre : une vie d’abeille, ce n’est pas de tout repos !

Sources :
Acta – Axel Decourtye ; Icko, le blog ; FAO_27 janvier 2006 ; Ministère de l’agriculture
La vie secrète des abeilles_pdf_Canada : www.ticedu.uqam.ca/pub/Travaux/MG/EPEP/Aut08/Gr20/A-FPE3650…/abeille.pdf
La santé des abeilles, Cérès, Fiche thématique N°14, février 2012 ; Abeilles : le miel des médias ? André Fougeroux, Idées reçues et agriculture, Parole à la science, Presses des Mines, 2018.