Google+
Google+
Google+
header

L’agriculture, l’art de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ?

Pour nous, rédacteurs du blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, la meilleure définition d’agriculteur c’est couteau suisse. Chef d’entreprise, chef d’exploitation, expert-comptable, au fait des législations européennes, climatologue… Un paysan doit savoir tout faire et bien plus encore. Aujourd’hui, nous vous dévoilons un autre talent que notre Shiva des champs modernes se doit d’avoir : la diversification de son activité agricole.

On a tendance à classer rapidement les agriculteurs par domaine d’activité. On est producteur de céréales OU de betteraves OU éleveurs, OU arboriculteurs ou encore polyculteur- éleveur… Et pourtant. Pourtant que ce soit pour des raisons pratiques, économiques, écologiques ou touristiques, les paysans ont toujours eu intérêt à ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. De tous temps, ils ont diversifié leurs activités, et cela de plusieurs façons : en diversifiant les cultures ou les élevages au sein de leurs exploitations ou encore, en sortant totalement du cadre de leur exploitation, par exemple en créant des chambres d’hôtes. On aime à vous le dire ici, l’agriculture a toujours un temps d’avance. Elle n’a pas attendu la start-up nation ? pour protéger et encourager légalement ses « autoentrepreneurs » à la double ou triple casquette ! D’ailleurs, le code rural a veillé au grain en précisant à l’article L-311-1 que sont également réputées agricoles « les activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement de l’acte de production ou qui ont pour support l’exploitation ». Concrètement, il permet aux producteurs et aux éleveurs de garder leur statut d’agriculteur tout en complétant leur mission première avec les activités suivantes :

– La transformation et la commercialisation des produits agricoles comme la vente de vin par le vigneron qui cultive la vigne, récolte le raisin et le transforme en vin lui-même, ou la vente en direct de fromages, yaourts et beurre que l’éleveur fabrique avec le lait de son troupeau…


L’agrotourisme commele camping à la ferme, le gîte rural, la ferme-auberge, la chambre d’hôtes, la ferme équestre etc…


– Le travail à façon souvent pour le compte d’autres exploitations agricoles commela récolte des céréales par un exploitant agricole possédant une moissonneuse batteuse pour le compte de ses voisins. Cela permet d’amortir plus facilement le coût très élevé de certains matériels agricoles. Mais ce travail à façon peut aussi être exercé pour le compte de la collectivité (exemple : élagage de haies pour le compte d’une commune, déneigement) ou de particuliers (tonte d’herbe…).


– La production d’énergie renouvelable : les exploitations agricoles possèdent généralement de nombreux bâtiments qui peuvent recevoir des panneaux photovoltaïques lorsqu’ils sont bien orientés. Ces panneaux sont soit disposés au moment de la rénovation des toitures, soit installés lors de constructions neuves ; ils font alors partie intégrante de la décision et du projet d’investissement. Mais l’énergie renouvelable, c’est aussi la valorisation des lisiers et autres déjections animales ou résidus de culture utilisés dans la production de biogaz. Aujourd’hui, la France compte près de 500 unités de biogaz dont une grande partie à la ferme, et l’objectif est d’en obtenir 1000 à la ferme en 2020. Bonne élève, alors que le nombre d’installations de biogaz est de 10 000 en Allemagne, la France s’est fixée comme objectif de passer de 1 % à 10 % de gaz d’origine renouvelable à l’horizon 2030 et à 100 % en 2050. Enfin, les agriculteurs peuvent aussi mettre à disposition certains terrains pour l’installation de parcs é

Mais attention, pas question de laisser la diversification et ses nouvelles activités prendre le pas sur le cœur du métier. On peut être agriculteur et un peu hôtelier mais pas le contraire ! Pour conserver son statut d’exploitant agricole, il faut respecter deux conditions essentielles si on veut éviter que ses activités complémentaires ne soient qualifiées d’activités commerciales : elles doivent être exercées par un exploitant agricole – c’est-à-dire un professionnel ayant à la base une activité agricole par nature – et ces activités doivent rester secondaires par rapport à cette activité par nature.

Source Ademe 2016, Agreste Juin 2013