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Auxiliaires de culture, assistants des agriculteurs par nature ?

Tous les agriculteurs vous le diront, en agriculture, c’est toujours la nature qui a le dernier mot. Aucune culture n’est à l’abri d’une vilaine tempête, d’une sécheresse surprise ou d’une crue éclair, et en 2017, les cultivateurs connectés consultent plus souvent leur appli météo que les réseaux sociaux. Mais heureusement, Dame Nature leur fournit aussi des alliés naturels sur qui compter moisson après moisson : les auxiliaires de culture ! Ça ne vous dit rien ? Tant mieux, aujourd’hui le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous présente ces assistants d’agriculteurs par nature.

Commençons par le commencement, un auxiliaire – du latin auxiliarius – est un soutien qui apporte son aide, sa collaboration à la réalisation d’un travail. Dans la vie de tous les jours, vous les croisez bras dessus dessous avec des retraités ou chargés d’une pile de dossiers sur le chemin de la photocopieuse mais en agriculture, ces assistants sont beaucoup plus discrets. Petits par la taille mais grands par leur influence positive sur les rendements, ce sont des animaux, des vers, des acariens, des insectes, des vertébrés et certains champignons, bactéries ou virus capables d’agir naturellement contre les ravageurs. Cette faune d’auxiliaires pas comme les autres est la meilleure alliée des agriculteurs aussi soucieux de l’écologie que de la productivité de leur exploitation. En gros, si un cultivateur postait demain une annonce pour recruter un auxiliaire de culture voilà ce qu’il y écrirait : recherche être vivant en CDI, passionné par la production agricole, maitrisant la pollinisation des plantes, antagoniste des organismes nuisibles aux cultures avec fort besoin de consommer toute ou une partie de certains « ennemis des cultures » pour assurer sa survie.

Pardon ? Qui répondrait à une annonce pareille ? Mais une chouette effraie gobeuse de campagnols en série par exemple pardi ! Un hérisson débusqueur de limaces, une chauve-souris capable de manger plus de 3 000 insectes par nuit et des guêpes consommatrices sans pitié d’insectes et de nectar, se révélant au passage des pollinisatrices occasionnelles, pour ne citer qu’eux. Et encore, il resterait à la queue leu leu devant la porte de notre recruteur d’autres insectes belliqueux qui n’écoutent que leur courage pour défendre des cultures en cours de saison en détruisant les insectes au sol et les libellules qui dévorent sans distinction vers, chenilles, papillons, cochenilles et tout autre insecte qui auraient le malheur de croiser leur route. Mieux : certains de ces auxiliaires naturellement serviables sont spécialisés ! Beaucoup d’espèces de coccinelles mangent plusieurs milliers de pucerons pour terminer leur croissance alors que d’autres, plus rares, dévorent des acariens. Certaines espèces de mini-guêpes « parasitoïdes » ne pondront leurs œufs que dans une seule espèce de puceron ou de chenille, les larves qui en éclosent maintiennent leur hôte en vie tant qu’elles n’ont pas achevé leur développement. Des champignons quant à eux occasionneront des maladies mortelles chez des insectes, de même que des virus et des bactéries. Bref, vous l’aurez compris, ces auxiliaires naturellement féroces sont sans pitié lorsque la survie et le rendement des cultures sont menacés, dans leurs champs pas de quartier !

Mais si aujourd’hui ils ont la cote, notamment grâce au développement d’une agriculture plus soucieuse de son développement durable et de son impact écologique, nos assistants cultivateurs n’ont pas toujours été les bienvenus dans nos champs. Eh oui, la révolution mécanique a vu naître de nombreuses pratiques qui ont augmenté les rendements et les surfaces cultivées, mais ont aussi déstabilisé les écosystèmes locaux et leurs populations d’auxiliaires. Par exemple, pour que les tracteurs puissent travailler plus facilement sur des parcelles plus grandes, on estime que, 700.000 km de haies qui bordaient les parcelles ont été supprimées en France depuis les années 50*. Aujourd’hui, marche arrière, après la révolution technique, place à la révolution technique ET éco-agronomique ! La mécanisation s’est accrue, mais son orientation a été revue afin d’adoucir les effets de certaines pratiques et de réaménager progressivement les paysages avec par exemple, l’implantation de haies, de zones florales, de buissons le long des parcelles ou de zones non traitées le long des points d’eau, l’abandon des labours (favorable aux vers de terre), des mélanges d’espèces… Ces dispositions sont prises pour assurer un retour des auxiliaires, sans pour autant perdre les facilités de production apportées par le matériel agricole. Les politiques européennes rémunèrent ces « zones d’intérêts écologiques » sur les bords des parcelles, zones… où la nature est un refuge pour la biodiversité.

Alors, qui a dit qu’auxiliaire de culture n’était pas une bonne orientation ? Une chose est sûre, tant qu’il y a aura des champs à cultiver, ces assistants par nature seront là pour les protéger et aider les agriculteurs.

* 540 000 km de haies environ ont été supprimés entre 1975 et 1987.(source INRA)
http://www7.inra.fr/dpenv/pointc46.htm#les