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Biocontrôle, et si on prenait des nouvelles ?

Le biocontrôle, le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous en parlait il y a 4 ans déjà juste ici. Mais le temps file à la vitesse des innovations dans les campagnes françaises alors il était grand temps de prendre des nouvelles de cette méthode de lutte alternative et nature qui fait son chemin à travers champs. Petit rappel des faits, le biocontrôle est une méthode de lutte alternative contre les prédateurs qui rôdent autour des productions végétales. Sa mission ? Maîtriser leurs nuisances tout en limitant l’usage exclusif des produits phytosanitaires dits de « synthèse » via des méthodes de protection employant des organismes vivants et des substances naturelles.

Maintenant que les présentations sont faites, venons-en aux nouvelles ! Hé bien, elles sont bonnes puisqu’en 4 ans, le biocontrôle s’est développé et que la liste de ses solutions s’est étoffée. Les professionnels ont maintenant à leur disposition pas moins de 452 produits commerciaux et agents ou substances actives, ce qui correspond à 83 substances différentes couvrant de nombreux usages sur de nombreuses cultures. Autre bonne nouvelle, une cinquantaine de nouveaux produits de biocontrôle au minimum devraient être lancés d’ici 2020, et à nouveau une cinquantaine d’autres produits suivent ! Cependant, même si ces produits profitent d’une belle envolée (près de 25 % par an en 2016 et en 2017) il reste encore quelques efforts à faire pour qu’ils passent de 5 à 15 % de part de marché de la protection des plantes d’ici 2025. Les acteurs du biocontrôle s’y emploient : 40 % des membres actifs d’IBMA France ont consacré 12 % de leur chiffre d’affaires en recherche et développement. Hé oui, dans l’agriculture on n’a rien sans rien, et ce n’est pas en regardant les papillons voler dans un champ livré à ses bio-agresseurs que le biocontrôle fait son chemin ! C’est l’accélération de la recherche, le soutien au développement (politiques publiques, réglementations…), la formation et l’information sur le biocontrôle qui constituent le socle dont disposeront les acteurs pour atteindre les 15 % de part de marché de la protection des plantes en 2025. La recherche est d’ailleurs en 1ère ligne puisque le biocontrôle fait appel à des connaissances multidisciplinaires aussi étendues que difficiles à coordonner, notamment parce que l’on a souvent besoin de trouver une solution efficace et « cousue main » : on vise un bioagresseur précis (pathogène, ravageur, parasite et nouvel entrant) dans un milieu bien particulier. Résultat, ces solutions particulières sont forcément plus onéreuses que des méthodes plus générales ! Mais alors, comment le biocontrôle progresse-t-il autant malgré ces difficultés ?

Parce que cette évolution des méthodes agricoles est indispensable tout simplement ! En France, les consciences s’éveillent toujours plus nombreuses en faveur de l’environnement, notamment chez les agriculteurs et leurs conseillers. Il était donc urgent de proposer une façon de lutter autrement contre les dommages causés aux cultures par les différents bioagresseurs avec lesquels tout cultivateur doit composer. En effet, en absence de protection des plantes, ce sont près de 40% des récoltes qui risqueraient d’être perdues chaque année ! Les fournisseurs de solutions de biocontrôle (qui le plus souvent proposent aussi des pesticides) doivent faire vite, car la France, au sein de l’Union Européenne est bien plus restrictive concernant l’usage des produits phytosanitaires (c’est le pays où l’on interdit le plus de produits chaque année).

Mais alors, avec l’opinion publique et l’État derrière lui, qu’est ce qui retient le biocontrôle d’envahir le marché et nos champs ? Plusieurs freins doivent encore être levés. D’abord, ce sont des méthodes nouvelles, parfois complexes qui demandent aux agriculteurs un temps d’apprentissage. Ensuite le prix, qui reste le frein principal pour 44 % d’agriculteurs utilisateurs*. Enfin sont aussi signalés le manque de preuves concernant son efficacité, le défaut d’accompagnement, une gamme de produits trop restreinte, le risque d’apparition des résistances. Ainsi, 6 % des agriculteurs testeurs* ont arrêté en raison d’un échec, de la difficulté d’utilisation ou du prix, même si la moitié d’entre eux considèrent que ces produits constituent toujours une option. Par ailleurs, 56% des agriculteurs du panel* ne les utilisent pas du tout (dont 23 % qui n’en ont jamais entendu parlé) et c’est bien là que se niche des marges de progrès à espérer d’ici 2 à 3 ans…. Aujourd’hui, le biocontrôle rencontre son plus vif succès auprès des arboriculteurs qui sont 84 % à y avoir recours, juste devant les viticulteurs (74 %) et les maraichers (53 %). Leurs motivations principales? Des produits plus naturels, écologiques, efficaces, respectueux de l’environnement, de la santé et une meilleure image auprès des consommateurs.

Pour conclure, nous ajouterons que si le développement du biocontrôle a aujourd’hui le vent en poupe, il ne pourra échapper à une réflexion sur la frontière ténue entre chimie « de synthèse » et chimie « naturelle » et à un examen objectif des propriétés toxicologiques et écotoxicologiques des agents de lutte qui en sont issus. En d’autres mots, le biocontrôle est bien parti pour devenir un produit agricole comme les autres !

*Enquête réalisée par IBMA France en décembre 2017. L’activité des 37 membres d’IBMA France représente 90 % du marché du biocontrôle en France. IBMA France, l’association française des producteurs de produits de biocontrôle. Cette association entretient des relations dans sept autres pays européens, fédérés au sein d’IBMA Global, créée en 1995.