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Pourquoi les tracteurs font-ils des heures supplémentaires en été ?

Aujourd’hui sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, nous vous parlons du déchaumage. Pas de panique, vous n’avez pas basculé en un clic involontaire sur le site des Échos, le phénomène à la Une de Résonnances n’a rien à voir avec la courbe du chômage ! Loin des chiffres de l’emploi, notre sujet du jour vous emmène à la toute fin de l’été, là où il fait bon oublier votre patron, le temps de siestes bien méritées. Enfin, là on parle pour vous car il y en a qui ne chôment pas à cette période : les agriculteurs !

Mais que font-ils encore sur leurs tracteurs d’ailleurs ? À quoi riment ces heures supplémentaires dans les champs à remuer des nuages de poussières alors que les graines sont déjà dans leurs silos et la paille en bottes ? Ce bal des champs n’a rien d’un tour de piste pour le plaisir, la ronde des tracteurs au mois d’août après la récolte a un but : le déchaumage! Lors de la moisson, les tiges sont coupées à une certaine distance du sol. Le grain est alors récolté et la paille est soit récupérée avant d’être pressée en bottes pour servir de litière ou de nourriture pour les animaux, soit broyée et laissée sur le champ. C’est cette dernière et les restes des plantes (appelées chaumes pour les céréales à paille) qui grâce à leur richesse en cellulose sont une source de matière organique précieuse pour les cultivateurs. Elles permettent de stabiliser la structure du sol et d’y stocker du carbone en évitant son dégagement sous forme de CO2 dans l’atmosphère. Mais pour que ces restes de plantes se transforment facilement en matière organique, il faut que celles-ci soient décomposées par les micro-organismes du sol et cela est favorisé si ces résidus de cultures sont mélangés avec la terre… et voilà la définition du déchaumage et la raison d’être des heures supplémentaires de nos agriculteurs et de leurs tracteurs ! À l’aide d’outils à disques ou à dents, ils grattent le sol sur une dizaine de centimètres de profondeur permettant ainsi un contact étroit entre la terre et les restes de culture.

Mais cette opération estivale tardive n’a pas qu’un avantage ! Elle crée aussi une terre fine à la surface des champs, ce qui favorise la germination et la levée des mauvaises herbes, dont les graines stockées dans les couches superficielles du sol n’attendent que ça. Une fois ces herbes indésirables levées, elles peuvent être facilement détruites par un désherbage mécanique ou chimique. Le déchaumage permet aussi, quand les conditions climatiques le permettent et lorsque la culture qui suit n’est pas mise en place à l’automne, d’installer une culture intermédiaire ; celle-ci n’est pas destinée à être récoltée mais à préserver le sol de l’érosion et à capter éventuellement les nitrates issus de la décomposition des matières organiques, afin d’éviter leur lessivage automnal.

Loin de chômer le déchaumage estival cumule ainsi trois jobs en un pour mieux préparer la mise en place de la culture de l’automne ou du printemps suivant. Mais après tout, personne n’a dit qu’il était interdit de conduire un tracteur les doigts de pieds en éventail…