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Des robots bientôt dans tous les champs ?

Vous souvenez-vous de Magali ? Mais si Magali enfin ! Ça ne vous dit vraiment rien ? Hé bien c’est normal. Magali c’est ce qu’on appelle un flop, un vrai. Ce premier robot spécialisé en cueillette devait fleurir dans tous les champs de France et de Navarre à sa sortie dans les années 80, mais trop cher à l’achat et pas assez précis il fut vite relégué au hangar. Heureusement depuis la robotique agricole a fait un come-back ô combien plus remarquable dans nos campagnes. Alors, verrons-nous bientôt des robots dans tous les champs ? Le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous fait découvrir un nouveau secteur qui n’a pas fini de rouler des mécaniques.

Des robots oui, mais pour quoi faire ? Aujourd’hui, en France comme dans le reste du monde, la transition écologique est un vrai moteur pour le progrès agricole, et ce n’est pas notre article du jour qui nous fera dire le contraire. En favorisant le développement de l’agriculture biologique et de l’agriculture de précision, cette transition favorise aussi un besoin de main-d’œuvre plus important, pour réaliser par exemple des désherbages mécaniques ou des traitements très localisés. Dans ce contexte, les robots sont alors d’excellents auxiliaires, en effectuant avec précision des tâches pénibles et répétitives tout en libérant les agriculteurs pour d’autres opérations. La robotique fait ainsi partie des neufs axes considérés comme prioritaires par le rapport « Agriculture Innovation 2025 » d’octobre 2015 pour que l’agriculture relève le défi alimentaire et écologique. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet RobAgri lancé en 2017 par Axema* et Irstea** (Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture) qui vise à accélérer la robotisation de l’agriculture dans l’hexagone en levant tous les verrous technologiques et administratifs. Mais n’oublions pas que du point de vue agricole, une transition écologique réussie signifie produire mieux mais nourrir plus. Et ici encore, nos robots du jour font le boulot ! Dans les élevages, la robotisation est une vraie réponse aux problèmes posés par l’agrandissement des troupeaux, la difficulté à recruter des salariés et la recherche d’une meilleure qualité de vie pour les éleveurs. Voilà ce qui explique le succès du premier engin robotisé de traite apparu à la fin des années 80 aux Pays-Bas et en 1992 en France. On en compte aujourd’hui un peu plus de 4 800 dans l’Hexagone selon une estimation de l’Institut de l’Élevage !

Mais attention, il n’y en a pas que pour nos vaches laitières dans la robotique ! Ce secteur dynamique ne cesse au contraire d’innover. La start-up toulousaine Naïo Technologies par exemple, spécialiste du maraîchage et de la viticulture, a commencé à commercialiser ses premiers modèles en 2014, dont le robot Oz qui permet de désherber les plants de salade ou de poireau grâce à des capteurs embarqués. Totalement autonome, il réalise un travail de précision de binage des sols qui réduit le recours aux traitements herbicides. Oz a déjà trois petits frères, Dino, robot enjambeur de désherbage mécanique des légumes en planche, Ted, robot enjambeur viticole et Bob, robot viticole à chenilles. Le robot enjambeur Pumagri a, quant à lui, fait sa première sortie en public à l’occasion du salon Innorobo en 2017. Cet engin agricole futuriste est capable de faire varier l’écartement de ses roues ainsi que la hauteur sous châssis. Mieux, le robot embarque un ensemble de capteurs et peut réaliser un grand nombre d’opérations allant du travail du sol au désherbage. Autre entreprise porteuse d’innovation, la digiferme Arvalis-Institut du végétal évalue de son côté les performances du robot de désherbage EcoRobotix. Alimenté par des panneaux solaires, il se déplace seul en s’orientant et se positionnant grâce à son GPS RTK, sa caméra et ses capteurs. Ses deux bras se chargent de traiter sur le rang et sur l’inter-rang les mauvaises herbes avec une micro-dose de produit. Pour le moment, le robot est conçu pour travailler sur betterave, colza et prairie pour la destruction des rumex. Dernière expérimentation futuriste : le projet Centéol, mené en partenariat avec Agreenculture et Kuhn, près de Sens (Yonne), vise à démontrer qu’un robot peut travailler une parcelle de 50 ha de maïs de manière rentable et plus écologique qu’un itinéraire cultural classique.

Alors, l’agriculture de demain est-elle entre les mains de ces robots aux pouces verts ? Malgré ces belles promesses, la robotique agricole pose encore aujourd’hui de nombreuses questions :  Comment faire travailler le robot en autonomie à une vitesse compatible avec celle des travaux actuels ? Comment peut-il intervenir quelles que soient la nature du terrain ou la météo ? Comment détecter les limites du terrain et la présence humaine pour éviter les accidents ? Au-delà de ses questionnements technologiques, la question des réglementations se posent aussi.  Pas question en effet de lâcher un tracteur sans conducteur sur la route sans enfreindre quelques articles du code de la route. Enfin, dernier et non des moindres freins : la méfiance. Ces nouveaux engins exigent en effet de revoir la manière même d’aborder l’agriculture. Si les robots font tout, quelle sera la place de l’agriculteur ? Le plaisir de conduire un bon gros tracteur est un privilège que l’on a du mal à imaginer perdu. Une chose est sûre à l’heure d’aujourd’hui : un robot dans tous les champs bientôt, peut-être, mais les agriculteurs ne seront jamais loin.

Axema* Union des Industriels de l’Équipement
Irstea** Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture