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Qui a dit que les petites bêtes ne mangeaient pas les grosses ?

Vous, lecteurs amoureux de la nature mais moins des moustiques et guêpes qui s’invitent le long de vos mollets au détour de vos siestes bucoliques. Oui vous, qui avez déjà bondi plus ou moins dignement de votre transat en poussant un cri strident. Vous à qui l’on a répété avec une ironie à peine dissimulée « Roooooh ça vaaaa, c’est pas la petite bête qui va manger la grosse hein ! » Cet article vous est dédié. Bien évidemment, ce n’est pas sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent que vous lirez qu’une punaise a déjà sauvagement dévoré un beau bébé d’un mètre quatre vingt comme vous. Mais c’est dans cet article que vous découvrirez que de toutes, toutes petites bêtes sont capables de s’attaquer à bien plus grosses qu’elles : nos cultures. Alors, les insectes « ravageurs », pires ennemis de nos champs ? Prêt ? Un, deux, trois, scrollez !

Qu’on les aime ou non, difficile d’ignorer le voisinage de nos amis les petites bêtes. Mouches, moustiques, guêpes, blattes, fourmis, poux, noctuelles, papillons et chenilles … Les insectes représentent plus de la moitié du nombre d’espèces animales et végétales de la planète, et près des 2/3 du règne animal. En tout, environ 1 million d’espèces ont été décrites et ce n’est que le sommet d’un très très très grand iceberg puisque chaque année, plusieurs milliers d’espèces sont découvertes et décrites. On pense que le monde compte en fait au moins 5 millions d’espèces d’insectes. Si vous vous êtes reconnu dans le paragraphe précédent, n’hésitez-vous pas détendre avant de poursuivre votre lecture.

La plupart des insectes sont soit indifférents soit utiles aux cultures. Mais quelques milliers d’espèces, dites « phytophages » (mangeurs de plantes) suffisent à limiter la production agricole mondiale et quelques centaines ont sur elle une incidence majeure (environ 350 en Europe et une centaine en France). Tous les ans dans le monde, près de 40% des récoltes sont perdues à cause de l’action combinée des insectes, des maladies et des mauvaises herbes. Une bonne moitié de ces pertes est due aux insectes. En moyenne à eux seuls, ils réduisent les récoltes de 27% pour le riz, de 5% pour le blé, de 13% pour le maïs, de 20% pour la canne à sucre, de 34% pour le coton, … Cerise sur le gâchis,  environ 1/3 de ces pertes surviennent après la récolte, quand les grains sont conservés dans des silos, notamment dans les zones tropicales, où nos chères petites bêtes contribuent à la malnutrition endémique.

Les phytophages ont un mode d’alimentation adapté : beaucoup grignotent les feuilles, tiges, racines  ou fruits grâce à de fortes mandibules. L’exemple type est le bon vieux doryphore de nos grand-mères qui détruisait l’essentiel du feuillage des pieds de pommes de terre. C’est aussi le cas des chenilles de nombreuses espèces de papillons, et des criquets et des sauterelles qui font de gros dégâts en Afrique. Enfin, pour parfaire le portrait de nos petits monstres, les insectes phytophages ont souvent une fécondité forte. Certains sont ainsi sujets à des pullulations spectaculaires, comme les chenilles qui s’attaquent aux arbres forestiers. Pardon ? Bien sûr que vous avez le droit d’aller boire un petit verre d’eau.

 

Mais alors, l’agriculture est-elle à la merci de ces ravageurs sans merci assoiffés de sève ? Heureusement pour nos cultures et votre tension, leurs dégâts sont très variables dans le temps et dans l’espace. Ce sont généralement les zones de monoculture (coton aux USA, riz en Asie) qui font l’objet des dégâts les plus importants. Amis lecteurs du 1er paragraphe, celui-ci risque de vous plaire ! Les meilleurs ennemis de nos vilaines petites bêtes sont… d’autres petites bêtes pardi ! Les  Les auxiliaires de culture aident naturellement les agriculteurs et d’autres solutions existent pour lutter contre nos ravageurs miniatures. Par exemple, le Phylloxera de la vigne qui a ruiné des régions viticoles entières en Europe à la fin du 19e siècle, a aujourd’hui disparu là où l’on a greffé les cépages sur une vigne résistante.

Morale de notre histoire (non lecteurs du 1er paragraphe, il ne s’agit pas d’un film d’horreur), les insectes ravageurs ne sont pas une fatalité. Mais les agriculteurs manquent parfois de solutions à la fois efficaces et sans risques pour l’environnement. La situation est bien pire dans les pays tropicaux, où les agriculteurs sont souvent complètement démunis contre des phytophages qu’ils ne peuvent ni prévoir ni gérer. Ainsi, si la petite bête n’est pas prête de manger la grosse, elle peut encore lui ôter le pain de la bouche !