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Les pesticides, peut-on vraiment s’en passer ?

Les pesticides, le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous en déjà parlé, ici, et encore ici. Quoi de plus normal pour un sujet à la fois au centre des débats et des cultures ? Alors à la Une du blog aujourd’hui, une question plus que jamais d’actualité : les pesticides, peut-on vraiment s’en passer ?

Avant toute chose petit rappel pour les nouveaux venus : les pesticides en production agricole sont tous les produits utilisés par les agriculteurs pour protéger leurs cultures des insectes nuisibles et autres ravageurs de nos cultures, des maladies pathogènes sans oublier les herbicides afin de supprimer les herbes indésirables. Ces nuisibles menacent tous les systèmes de production quils soient en agriculture dite conventionnelle, agriculture biologique ou encore en production sous label ! Ainsi des pucerons verts dans un champ de betteraves peuvent réduire à eux seuls de 30 à 50 % le rendement en sucre, tandis qu’une attaque de mildiou peut compromettre une vendange ou détruire totalement une récolte de de pomme de terre. Ces micro nuisibles maxi dangereux ne datent pas de la dernière pluie et les agriculteurs ont depuis belle lurette adopté des mesures prophylactiques pour se prémunir de leurs dangers. Exemples : par des choix de parcelles avisés, la culture d’espèces et de variétés plus robustes, une date de semis adaptée, une préparation du sol optimale ou encore une surveillance constante. Mais parfois, toute cette prévention ne suffit pas. Les agriculteurs s’arment alors de produits phytosanitaires pour protéger leurs récoltes. Quils soient dorigine naturelle (minéraux comme le soufre et le cuivre, extraits de plantes comme le pyrèthre, micro-organismes divers) ou synthétisés par les chimistes, ces produits de santé du végétal sont utiles à toutes les agricultures. Mais alors, est-il possible de réduire leur utilisation, voire de la bannir des champs ? La réponse est oui et… encore oui … mais !

Pour réduire l’usage des insecticides chimiques, il est notamment possible de faire appel à des animaux utiles que lon appelle auxiliaires pour protéger les plantes contre certains parasites !  Cest le cas des cultures produites sous-abri comme les tomates sous serre où lensemble des insectes ou des acariens nuisibles peuvent être mis hors de capacité de nuire en faisant appel à des auxiliaires comme de petites guêpes, des punaises ou encore des acariens utiles. Encore mieux, leur utilisation crée un cercle vertueux car pour booster leur présence à l’état naturel aujourdhui lutilisation des insecticides et acaricides chimiques en viticulture ou en arboriculture fruitière a été ramenée à un niveau très bas et bien inférieur à celui des années 70 ou 80 ! Certains vont encore plus loin puisqu’en agriculture biologique par exemple, le recours à des pesticides de synthèse est interdit. Dans ces champs, pour lutter contre les maladies les cultivateurs font appel à des produits de stimulation de défense naturelles des plantes comme les phosphanates de potassium ou de disodium et si la pression parasitaire le nécessite à dautres produits minéraux comme le soufre ou le cuivre. Pour la lutte contre les ravageurs, des micro-organismes sont mis en œuvre comme le fameux Bacillus thuringiensis, connu sous son nom de code Bt. Par ailleurs, la méthode de la confusion sexuelle pour limiter les dégâts de certains papillons en vigne et en arboriculture fruitière est de plus en plus déployée, en agriculture AB comme en viticulture conventionnelle. On utilise alors des phéromones sexuelles, synthétisées par nos chimistes mais en tous points identiques à celles naturelles, qui permettent de créer une atmosphère saturée en ces substances dans laquelle la rencontre entre les papillons mâles et femelles devient impossible, rompant ainsi le cycle de reproduction. Enfin, sous serre le contrôle du microclimat au sein des cultures rend ainsi les conditions environnementales peu favorables au développement des maladies. Mais alors, pourquoi continuer à utiliser des pesticides alors que toutes ces alternatives existent ?

Parce que dans certaines grandes cultures notamment (céréales à paille, betteraves, pomme de terre) et certaines années en viticulture et en arboriculture fruitière les pressions parasitaires peuvent être telles quelles engendrent des pertes importantes, sans solutions alternatives efficaces suffisantes. De plus, la maitrise des adventices ou herbes indésirables, sans faire appel aux herbicides de synthèse est très souvent difficile comme nous vous le racontons ici. Résultats, les rendements en agriculture biologique (AB) sont souvent moindres, en moyenne 30 à 50 % inférieurs à ceux obtenus en agriculture classique. Pour beaucoup de productions, l’agriculture biologique nécessite des coûts en main d’œuvre plus élevés (qui se traduisent par des produits agricoles plus coûteux) et surtout par une irrégularité de production (ce qui entraînent des importations)

Bref vous l’avez compris, si des alternatives aux pesticides existent, aujourd’hui elles n’offrent pas une efficacité suffisante pour permettant de produire en quantité et en qualité les denrées agricoles nécessaires pour alimenter une planète toujours plus peuplée. Mais vous le savez, l’agriculture ne baisse jamais les bras face aux défis lancés par Dame Nature et les investissements se multiplient en recherche et développement quils soient publics ou privés, notamment dans l’amélioration génétique (la technique CrispCas 9 est d’ailleurs une technique prometteuse dans ce domaine), dans lagriculture de précision (matériel agricole, capteurs, robotique, drones…) ou dans des produits de biocontrôle pour offrir demain plus de solutions aux agriculteurs qui leur permettront de réduire encore le recours aux pesticides de synthèse.