S’il y a des produits agricoles qui souffrent de leur mauvaise réputation, ce sont bien les pesticides. Régulièrement sous le feu des projecteurs pour leurs inconvénients réels ou supposés, souvent montrés du doigt à juste titre ou non, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander leur interdiction. Face à cette levée de boucliers, l’opinion publique en vient à douter de l’utilité même de ces produits qui seraient trop facilement autorisés.

Mais, à force de se préoccuper de leurs effets sur notre santé, n’en oublions-nous pas les raisons de leur utilisation? Les pesticides sont-ils bons pour la santé des plantes ?

Chaque être vivant se développe en association avec un nombre infini d’autres organismes vivants de tous types et de toutes tailles, certains bénéfiques comme la flore intestinale et d’autres nuisibles comme les mycoses ou les poux chez l’homme par exemple. Côté végétal, c’est la même chose : ces organismes se nomment bactéries, virus, insectes, acariens, nématodes, champignons, algues ou végétaux concurrents (qu’on appelle alors mauvaises herbes). Ainsi, si les plantes cultivées pour notre alimentation hébergent un véritable melting pot d’êtres vivants constituant une biodiversité très complexe, certains de ces squatteurs peuvent gravement nuire à leur santé. Les dégâts causés sont très variables d’une année à l’autre : les dommages sont parfois limités, mais ils peuvent aussi entraîner des pertes de récolte colossales pouvant aller jusqu’à la destruction totale,, privant les agriculteurs de revenus.

Pour lutter contre ces organismes nuisibles, et protéger la santé des êtres vivants nous disposons de trois types de produits dépendant d’un encadrement législatif très strict au niveau européen :

– Les médicaments, destinés à la santé humaine.
– Les produits vétérinaires, des médicaments spécifiques pour l’hygiène et la santé des animaux et soumis à la législation des biocides.
– Les pesticides ou produits phytosanitaires, des médicaments dont l’usage est strictement réservé à la protection et à la bonne santé des plantes cultivées (céréales, fruits, légumes, vigne, fleurs…).

Pour lutter contre les parasites des cultures, l’agriculteur utilise en premier des méthodes agronomiques : espèces et variétés résistantes, dates et densité de plantation adaptées, techniques de culture limitant les risques parasitaires. Mais quand l’usage de ces techniques ne s’avère pas suffisant, on doit alors compléter par des médicaments soit naturels (encore assez rares) soit issus de synthèse chimique.

Dans le domaine végétal, le recours aux pesticides n’est pas systématique (les insecticides c’est pas automatique), des solutions «naturelles», avec des produits de bio-contrôle commencent à voir le jour (le bio-contrôle Kesako), mais bien qu’en constante augmentation, ces « remèdes » sont encore nettement insuffisant. C’est pourquoi très souvent il est nécessaire de recourir aux produits phytosanitaires pour protéger la santé des cultures.

Mais pourquoi comparer les pesticides à des médicaments ?

Pesticide. Le terme a une origine anglaise : d’un côté «cide» synonyme de tuer, de l’autre «pest» synonyme de maladie, de ravage. Ce nom simple est l’écho terrible de la peste noire qui sévit au moyen âge et fit des millions de morts pendant plusieurs siècles. Le mot «pesticide» signifie donc littéralement «tuer la maladie», ce qui est précisément … le rôle d’un médicament. Par ailleurs, un certain nombre de pesticides (substances actives, excipients…) sont présents dans les préparations médicamenteuses et vétérinaires. La chimie et l’étymologie ont parlé : médicaments et pesticides sont de la même famille.

Ainsi, depuis des millénaires, les agriculteurs veillent à la protection et à la bonne santé de leurs cultures avec l’aide de tous les moyens à leur disposition, dont les pesticides depuis plus de 150 ans. Pour limiter l’impact de ces médicaments des plantes sur l’environnement et la biodiversité, leur usage est très encadré et cela depuis leur mise en marché jusqu’à leur application.
Leur rôle est de neutraliser des organismes momentanément nuisibles pour contrôler leur impact sur la santé des cultures, pas de les éradiquer. D’ailleurs, ils en seraient incapables car comme toujours, mère nature a paré à tout en dotant chacun de ses organismes de capacités d’adaptation et de résistance leur permettant d’évoluer et de renaître à chaque saison.
C’est donc à l’agriculteur, docteur funambule, avec l’appui des recherches les plus récentes, de trouver le délicat équilibre entre préservation de la biodiversité et cultures productives en bonne santé.