Alimentation
juillet 10, 2019
Les vaches laitières, toutes accros à l’herbe ?
Aujourd’hui sur le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent, nous n’allons pas tourner autour du pot à lait. Vous qui avez cliqué au fil des années ici ou là, ou même encore là, vous le savez, chez Résonnances, nous aimons nos troupeaux hexagonaux et les vaches n’ont pas de mystère pour nous. Dans notre article du jour, nous allons vous parler du sujet qui agite toutes les étables, les vaches laitières sont-elles accros à l’herbe ?
Répondons tout d’abord à la question qui vous brûle les lèvres : si elles ne consommaient pas d’herbe, à quoi toutes ces vaches tourneraient-elles ? Depuis plusieurs décennies maintenant, dans les régions de polyculture-élevage, où, sur une même exploitation, se côtoient cultures et élevage, la part de l’herbe dans l’alimentation des vaches avait régressé au profit du maïs. Un maïs qui a apporté beaucoup aux éleveurs : fourrage de qualité assez facile à produire et qui contribue à la sécurité alimentaire des troupeaux, il a permis d’obtenir de bons résultats techniques et économiques, mais avec une augmentation des coûts des intrants et des frais de culture et de récolte élevés. À l’inverse, dans les régions d’élevage plus traditionnelles l’herbe est restée reine, car soit le maïs était interdit dans le cahier de charges du lait destiné à des produits spécifiques, soit les conditions locales ne permettaient pas de le cultiver. Les deux étant souvent liés et ces zones géographiques (Est central, Franche Comté, Alpes, Massif Central …) correspondent d’ailleurs aux principales AOP (Appellations d’Origine Protégée) : Comté, Tomme, Reblochon, Beaufort, Abondance, Cantal, Salers, St Nectaire…. C’est ainsi qu’est né le débat entre l’herbe et le maïs qui agite les étables depuis maintenant des dizaines d’années et qui se poursuit aujourd’hui dans toutes les régions.
Mais aujourd’hui, une nouvelle époque arrive avec un souci de réduire les intrants et les coûts de production. Et c’est ainsi que depuis quelques années, certains redécouvrent toutes les vertus de l’herbe, qu’elle soit naturelle ou cultivée. Les éleveurs, les chercheurs, les techniciens, les firmes de l’agro-industrie ont travaillé pour améliorer les techniques de production et de récolte et aujourd’hui de nouvelles méthodes permettent d’optimiser les systèmes d’élevage à base d’herbe, tout en étant moderne et compétitif. Voilà comment Résonnances a établi pour vous le top 5 des raisons de se remettre à l’herbe sans attendre (nous parlons toujours des vaches bien sûr) :
Le bien-être animal ! Quelle vache n’apprécie pas de profiter des près pendant 3 mois à 9 mois par an selon la région ? Elle y broute, prend l’air et le soleil tout en se sustentant d’une herbe nourrissante et abondante à condition que les températures n’atteignent pas des sommets. Bonus pour l’agriculteur : l’air et le soleil sont deux aliments gratuits qui rapportent beaucoup puisque ce sont des atouts importants pour la santé, la composition du lait et le bien-être de la vache.
Du temps et de l’argent ! Ce que la vache consomme en pâturant, l’éleveur n’a pas besoin de le récolter, stocker et distribuer. Les coûts sont réduits de deux à trois fois par rapport à des stocks d’ensilage ou de foin. De plus, si les parcelles sont bien accessibles et aménagées en eau pour l’abreuvement, l’éleveur réduit son temps de travail.
De la satisfaction client ! Le consommateur recherche de plus en plus les produits laitiers issus d’animaux nourris à l’herbe car il y retrouve non seulement plus de naturel, d’authenticité de bien-être de l’animal et de respect de l’environnement mais un lait enrichi naturellement en oméga 3.
Une bonne action pour l’environnement ! Hé oui, les prairies qu’elles soient pâturées ou fauchées sont bonnes pour l’environnement. Grâce à leur couverture du sol 365 jours par an, elles ne laissent jamais le sol nu et limitent les pertes par ruissellement ou lessivage. Il existe un tel feutrage racinaire sous la prairie qu’il constitue un filtre retenant les éléments nutritifs et évitant aussi la dégradation des sols par érosion. Véritables « puits de carbone », les prés captent le dioxyde de carbone (CO2) en permanence en produisant du fourrage et surtout en constituant de l’humus, élément essentiel et indispensable pour la vie et la fertilité du sol.
Un taux de production internationalement reconnu imbattable ! Toutes les comparaisons internationales (IFCN*) montrent que le lait produit à l’herbe est celui qui a le coût de production le plus bas. Certains pays comme l’Irlande, les Pays-Bas, la Nouvelle Zélande font même de la production à l’herbe un argument marketing. Cependant, production à l’herbe rime avec forte saisonnalité et forte dépendance aux aléas climatiques.
Voilà, vous avez désormais tous les arguments dont vous aurez besoin pour défendre la question tout sauf fumeuse du retour à l’herbe des vaches laitières !
*L’IFCN (International Farm Comparison Network) est une association à laquelle adhèrent des représentants d’une cinquantaine de pays, dont la France (représentée par l’Institut de l’Elevage). Son but est de créer une meilleure compréhension de la production laitière à travers le monde, et sa principale activité est de développer et d’actualiser une base de données internationale sur les coûts de production du lait.